Intervention de Belkhir Belhaddad

Séance en hémicycle du jeudi 7 mars 2019 à 15h00
Augmenter le salaire minimum et les salaires en accompagnant les très petites les petites et les moyennes entreprises — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBelkhir Belhaddad :

Nos débats sont souvent décryptés et commentés avec gourmandise à l'étranger. La France est l'un des pays du monde où les sciences économiques sont examinées sous un angle de gauche ou sous un angle de droite. Elles ne peuvent dès lors plus servir de repères. Le prix Nobel d'économie Jean Tirole déplore une absence de culture économique en France ? On va s'en moquer, lui reprocher une approche trop libérale, en faire un suppôt de la dérégulation, voire d'un ordre économique dicté par les puissants.

Nous nous rendons pourtant compte, notamment dans les réunions du grand débat national, que les participants sont demandeurs d'explication et de points de repère, une fois abandonnées les postures idéologiques indépassables. Nous avons choisi la prime d'activité pour améliorer le pouvoir d'achat des travailleurs les plus modestes ; ils le comprennent dès lors que nous prenons quelques minutes pour leur expliquer les mécanismes, les risques et les contraintes.

Le comité d'experts, que préside Gilbert Cette, nous explique les risques d'une hausse du SMIC : elle aggraverait le sous-emploi, conduirait à une smicardisation de la société, ne répondrait pas aux effets recherchés pour lutter contre la pauvreté.

En effet, seuls 19 % des bénéficiaires directs d'un accroissement du SMIC sont des ménages pauvres, tandis que plus de 1 million de personnes rémunérées au SMIC se situent dans les 30 % des ménages français les plus aisés. Le comité recommande donc d'augmenter la prime d'activité, car 70 % des ménages qui en bénéficient disposent de revenus inférieurs au troisième décile.

Le Président de la République a annoncé le 10 décembre dernier des mesures en faveur du pouvoir d'achat pour les travailleurs les plus modestes, notamment la hausse du bonus de la prime d'activité de 90 euros par mois. Au total, désormais, 5 millions de ménages peuvent en bénéficier, soit 1,2 million supplémentaire. Ainsi, 55 % du total des personnes rémunérées au SMIC sont désormais éligibles, contre environ 45 % en 2018.

Notre majorité apprécie un mot que nos opposants détestent : l'agilité. Elle cherche et met en oeuvre les outils qui lui semblent les plus adaptés aux effets recherchés, notamment l'élargissement de la prime d'activité, dont plus d'un million de Français supplémentaires bénéficie ; la transformation du CICE en allégement pérenne des charges patronales, pour améliorer notre compétitivité ; la suppression du forfait social pour favoriser la participation et l'intéressement dans les PME et TPE ainsi que l'investissement dans les compétences et l'innovation de rupture.

Elle fonde un modèle d'émancipation par le travail, autre terme que nos opposants détestent. Ceux-ci voudraient tant que ce dernier ne soit qu'un asservissement à un ordre dominant.

Nos sociétés ne fonctionnent plus ainsi ; nos économies, non plus. Nous partageons tous le désir de voir le travail mieux rémunéré. Nous agissons avec méthode et discernement pour y parvenir. Ce résultat, nous ne l'imposerons pas, nous le gagnerons !

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