Intervention de José Angel Gurría

Réunion du mardi 13 novembre 2018 à 17h00
Commission des affaires étrangères

José Angel Gurría, Secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) :

Vous avez bien fait. Dans l'OCDE, un groupe parlementaire s‘occupe de la politique fiscale.

S'ajoute à cela le problème de la concentration des entreprises, notamment mais pas seulement dans le secteur du numérique, avec une logique du the winner takes most, qui peut réduire la concurrence sur le marché, ce qui se fait toujours au détriment du choix des consommateurs. Sur le sujet de la concentration, notre inquiétude s'étend avec l'utilisation croissante des big data.

Il existe aussi une face sombre de la mondialisation : elle permet aux activités criminelles de prendre des chemins transfrontaliers et de jouer des failles de la coopération internationale. C'est le cas des cyber-attaques, mais aussi du commerce illicite ou de la corruption. L'OCDE a renforcé ses moyens d‘action dans ces domaines.

Enfin, nous continuons à travailler sur les enjeux traditionnellement globaux. Dans le domaine du développement, nous approfondissons notre soutien à la mise en oeuvre des Objectifs de Développement Durable et nous approfondissons nos travaux sur le financement mixte du développement. Et le défi multilatéral par nature est le changement climatique. Or on constate une perte du sens de l'urgence. Un récent rapport des Nations unies montre toute la différence entre une augmentation de la température moyenne de 1,5 degré et une augmentation de 2 degrés, qui affectera des dizaines de millions de personnes dans le monde. Or la trajectoire actuelle nous conduit à une augmentation de 3 degrés. Quand le Président de la République française appelle à un One Planet Summit, il se heurte à des réticences : pourquoi une réunion supplémentaire ? Mais il faut insister car le temps passe. Entre 2015 et 2018, en simplement trois ans, il s'est produit énormément de choses sur le plan climatique. À partir de 2020, on va procéder à une évaluation quinquennale des résultats. Il est certain qu'on constatera que nous avons pris du retard, un retard très dangereux.

Je voudrais dire un mot encore sur le problème de l'égalité entre les femmes et les hommes. Ce sujet s'impose à nous aujourd'hui. Mais dans le domaine du numérique, la situation est très mauvaise. C'est en effet un monde d'hommes. Il est peu probable qu'ils attachent à cette égalité entre femmes et hommes toute la place qu'elle mérite. L'OCDE, pour sa part, a proposé des solutions concrètes pour faire face à cet enjeu.

Au passage, j'indique aussi que nous avons aussi rapproché notre travail du G20, notamment lors de l'organisation au niveau parlementaire du premier « P20 », il y a quelques jours à Buenos-Aires. Ce renforcement du réseau parlementaire facilitera l'information et incitera peut-être les parlements à prendre de nouvelles initiatives au niveau international.

La France exerce un puissant leadership dans le renforcement de la gouvernance mondiale.

L'OCDE, bâtie sur le plan Marshall, le dialogue transatlantique et l'économie ouverte de marché, mais aussi l'ensemble du système multilatéral, a besoin qu'elle continue dans cette direction. La liberté des échanges et le changement technologique ont ouvert de nouveaux horizons et sont incontournables pour améliorer le bien-être. Mais, comme disait Victor Hugo, « tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité ». C'est à travers une meilleure gestion des flux mondiaux que l'on retrouvera la confiance citoyenne, que l'on a perdue, ce qui nous coûte beaucoup. Et cela ne peut se faire qu'avec un renforcement de la coopération internationale. J'espère pouvoir compter sur votre aide et vous invite à participer à la prochaine réunion du réseau parlementaire de l'OCDE les 21 et 22 février 2019 à notre siège à Paris.

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