Intervention de José Angel Gurría

Réunion du mardi 13 novembre 2018 à 17h00
Commission des affaires étrangères

José Angel Gurría, Secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) :

Comment gérer les échanges commerciaux, comment gérer les flux transfrontaliers, si ce n'est de manière multilatérale ? Comment gérer les migrations aussi ? Aujourd'hui, c'est un sujet de division partout. M. Babiš, en République Tchèque, a mis neuf mois pour former un gouvernement, M. Rutte aux Pays-Bas sept mois, Mme Merkel, qui fut le pilier de la stabilité européenne, a mis cinq mois. Et voyez les résultats des élections en Italie, en Suède, en Autriche, la fragmentation des forces politiques en Espagne. Partout s'exprime une angoisse, une forme de mécontentement envers toutes les institutions, une volonté de changement coûte que coûte, même sans savoir où il conduit. Le Brexit en est sans doute le meilleur exemple : 60 % des jeunes, dont l'avenir était en jeu, n'ont pas voté. La défiance envers les institutions s'étend à la démocratie elle-même, ce qui est très dangereux. Plus dangereux encore que de voter pour n'importe quel changement, il y a le fait de ne pas voter.

Puisque vous évoquez le terrorisme, s'est tenue à l'OCDE en avril dernier une grande conférence ministérielle sur la lutte contre le financement du terrorisme, organisée à l'initiative du président Macron qui en a assuré l'ouverture. L'OCDE abrite le secrétariat du groupe d'action financière (GAFI), qui s'emploie à identifier et neutraliser les flux de financement illégaux, voire criminels, liés au trafic de personnes, au trafic de drogue, à la corruption. C'est là une action permanente. En ce qui concerne les « GAFA », il ne faut pas se limiter à ces quatre entreprises : c'est toute l'économie qui s'est digitalisée et nous devons essayons de parvenir à des règles fiscales plus adaptées. Il importe donc énormément de trouver un moyen de faire face aux évolutions technologiques, mais dans une totale cohérence pour que personne n'en joue afin d'obtenir des avantages artificiels.

Enfin, l'OMC est bien l'institution sur laquelle il faut compter pour résoudre les conflits commerciaux, grâce à son organe de règlement des différends. Or actuellement, certains pays bloquent la nomination de juges dans cet organisme. En même temps, ils se plaignent que l'OMC met trop longtemps à traiter des conflits. Mais s'ils en bloquent le fonctionnement, comment l'OMC pourrait-elle être plus efficace ?

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