Intervention de José Angel Gurría

Réunion du mardi 13 novembre 2018 à 17h00
Commission des affaires étrangères

José Angel Gurría, Secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) :

L'OCDE est née après la Deuxième Guerre mondiale sous le nom d'Organisation européenne de coopération économique (OECE). Il s'agissait, avec l'aide du plan Marshall, de reconstruire l'Europe. Cela a été fait en dix ans, ce qui est très rapide, parce que le continent avait toute la matière grise dont elle avait besoin ; ce qu'il lui fallait, c'étaient des briques et du mortier, une aide pour se rebâtir physiquement. L'OCDE est donc née de l'exercice par les États-Unis d'un multilatéralisme actif, généreux et intelligent. Par la suite, qu'il s'agisse du commerce, des investissements ou de la question climatique, les États-Unis ont toujours été au centre des grandes initiatives internationales : on l'a vu lors de la création de l'Organisation des Nations unies, de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), de l'OMC ou de l'Organisation internationale du travail (OIT). La difficulté tient maintenant à ce que les États-Unis prennent la voie du bilatéralisme, sinon de l'unilatéralisme : alors que toutes les organisations internationales ont été créées et financées pour trouver des solutions globales, le joueur principal décide d'emprunter la route inverse. Cela complique considérablement la vie des institutions, des pays et des citoyens, comme le montre un exemple récent.

En 2016, le sommet du G20 réuni à Hangzhou a décidé la création d'un forum mondial auquel la Chine et les États-Unis ont accepté de participer, chargé de déterminer comment réduire l'excédent international de production d'acier. Certains pays, contrevenant aux règles du marché, faussaient la concurrence en vendant leur production sous le prix de revient. Mais que constate-t-on à présent, sinon l'imposition unilatérale de droits de douane sur l'acier chinois par les États-Unis ? Autrement dit, certains des États qui ont créé une instance multilatérale chargée de régler un problème grave, à l'origine de la fermeture de nombreuses usines et de la perte de milliers d'emplois dans le monde, ont décidé au terme de la troisième ou quatrième réunion de cet organe d'engager une guerre commerciale, alors même que les barrières tarifaires ne permettront pas de réduire les surcapacités. Cette contradiction manifeste est très dommageable, les solutions bilatérales étant moins efficaces que le multilatéralisme.

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