Intervention de Georges Malbrunot

Réunion du mardi 11 décembre 2018 à 17h05
Commission des affaires étrangères

Georges Malbrunot, journaliste au Figaro, spécialiste du Moyen-Orient :

Est-il raisonnable de vendre des armes ? Non, ce serait mieux de vendre des roses, je vous l'accorde, mais vous savez très bien que cela représente des emplois. On ne peut s'en tenir à une position manichéenne. Il faut faire en sorte que les armes achetées soient utilisées de la meilleure façon possible même si les mécanismes de contrôle s'arrêtent une fois qu'elles sont vendues.

En 2009, Barack Obama, connaissant la précision toute relative des pilotes saoudiens, a refusé de fournir à l'Arabie Saoudite des images satellitaires pour contrer les Houthis lorsqu'ils avaient lancé leur première guerre. Quand l'Arabie Saoudite s'est ensuite tournée vers la France, Nicolas Sarkozy a accepté car il espérait en retour la signature de nombreux contrats avec la France, ce qui n'a pas été le cas.

Dans les années 1980, l'armée française s'est quasiment dépossédée de son nec plus ultra pour permettre à l'Irak de Saddam Hussein de bombarder l'Iran de Khomeiny. Les Iraniens se souviennent encore des Super-Étendard et de leurs Exocets. Vous savez les problèmes que cela a entraînés, notamment la crise des otages au Liban.

Vous avez raison d'insister : c'est votre rôle en tant que parlementaire de faire en sorte qu'il y ait un contrôle plus sévère. Si on pouvait remplacer les armes par d'autres produits, je serais le premier à applaudir, même si le journal à qui je dois mon emploi, Le Figaro, appartient à un vendeur d'armes.

En 2017, l'Arabie Saoudite a acheté pour 69,4 milliards de dollars d'armes et les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine et la France sont ses principaux fournisseurs d'armes. Les Français ne sont pas dans le secret de la war room de Riyad mais il est évident que ce royaume n'aime pas les Émirats arabes unis, dont l'expérience militaire est bien supérieure à la sienne. Nous devons avoir ce fait à l'esprit et faire preuve d'une vigilance accrue lorsque nous négocions avec elle.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.