Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du mercredi 12 décembre 2018 à 17h05
Commission des affaires étrangères

Jean-Yves le Drian, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères :

J'ai évoqué hier, monsieur Renson, la mise en oeuvre d'une nouvelle stratégie internationale de la France sur les droits humains, et j'en ai évoqué les principes. Je voudrais que cette nouvelle stratégie puisse faire l'objet aussi d'une participation du Parlement.

On peut avoir, en matière de droits humains, plusieurs postures. Il y a les spécialistes du déclaratoire, j'en connais de très nombreux –, les spécialistes de l'insurrection journalistique ou médiatique. Et puis il y a les vrais acteurs. Je préfère être du côté des seconds, même si, c'est vrai, cela me prive d'effets de manche significatifs, voire d'articles de presse. Je préfère agir.

La nouvelle donne de remise en cause des droits humains, et même de très grave remise en cause dans de nombreux pays, nécessite une dynamique nouvelle aux objectifs précis. Dans le discours que j'ai prononcé hier, j'ai évoqué cinq sujets sur lesquels je souhaiterais que l'on puisse agir et que la France soit à l'avant-garde.

Le premier, c'est un combat, médiatique, pour mettre en oeuvre l'universalité des droits civiques et politiques. Certains milieux répètent volontiers que, finalement, les droits de l'homme sont une histoire occidentale, voire une préoccupation de « bobo ». L'enjeu est d'en montrer l'universalité, par une communication internationale que l'on doit répéter partout. Ce n'est pas un objectif secondaire, y compris à l'égard d'un certain nombre d'outils médiatiques.

Le deuxième, c'est la défense des institutions multilatérales spécialisées. Je pense en particulier à la Cour pénale internationale (CPI), aujourd'hui remise en cause par un certain nombre d'acteurs, y compris le président Trump. Il faut que la France soit à l'avant-garde pour la défense de ces institutions.

Le troisième sujet de combat, c'est la sécurité des journalistes. Je répondrai tout à l'heure à propos de Khashoggi, mais il n'y a pas que lui. D'ailleurs, il est assez inédit que le président Erdoğan défende des journalistes… Il faut se battre pour que les journalistes puissent accomplir leur travail de liberté, et il faut que l'ensemble des acteurs s'inscrivent dans cette logique. Lors du Forum de Paris sur la paix, qui s'est tenu le 11 novembre dernier, nous avons marqué notre soutien à la mise en oeuvre d'une Déclaration internationale sur l'information et la démocratie, rédigée à la suite d'une initiative de Reporters sans frontières (RSF). Il nous faut promouvoir cet accord.

Le quatrième sujet, c'est l'action contre les violences ethniques et religieuses, notamment au Moyen-Orient. J'ai parlé tout à l'heure des femmes yézidies, mais c'est un sujet global. Je considère que c'est une priorité. Je le ferai savoir en particulier lorsque j'irai en Irak, mais cela ne concerne pas que l'Irak.

Dernier sujet, il faut poursuivre notre engagement en faveur de la sécurité des défenseurs des droits qui sont aujourd'hui des victimes de l'action contre les droits humains. Il faut faire en sorte qu'il y ait une protection inconditionnelle des personnes ayant droit à l'asile.

Voilà les cinq points majeurs du combat que je souhaite que nous menions ensemble pour la défense des droits humains alors que nous célébrons le soixante-dixième anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme. Je suis tout à fait disposé, mesdames et messieurs les députés, à ce que vous y preniez part. Au bout de soixante-dix ans, on ne peut pas dire que nous ayons considérablement progressé…

Je suggère à M. Dumont de lire les quarante et une pages du Pacte de Marrakech.

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