Intervention de Michel Herbillon

Réunion du jeudi 7 mars 2019 à 9h35
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Herbillon :

Merci de votre intervention qui amène vraiment à réfléchir et à essayer d'envisager ce qui va se passer. Vous avez parlé de plusieurs « premières fois », j'ai quelques doutes sur votre quatrième. Ce doit être votre optimisme auquel je rends hommage qui vous fait dire que les considérations nationales seraient absentes de l'élection européenne et qu'on pourrait casser le thermomètre habituel. J'ai une opinion un peu différente. Si l'on prend la situation en Allemagne, la situation en Espagne avec les prochaines élections ou la situation en France – les élections européennes se catapultent avec la plus grande crise sociale que notre pays ait connue depuis des années – je crains que ces considérations nationales aient plus de poids que vous ne le dites.

Pourrait-il y avoir une cinquième « première fois », qui me paraît singulièrement importante ? Au cours de cette campagne, on parle enfin de ce qui intéresse les peuples, les politiques menées par l'Europe dans des domaines où nos concitoyens demandent du « mieux d'Europe ». Il s'agit de la gestion des flux migratoires, de la politique de développement de l'Afrique, du renforcement de nos frontières, de la lutte contre le terrorisme, de la protection de nos emplois, de l'harmonisation de la fiscalité, de la transition écologique et de la lutte contre le changement politique, ainsi que des grandes politiques communautaires à l'égard de notre agriculture, notre souveraineté alimentaire, notre industrie, notre recherche et notre innovation. Une telle « première fois » serait souhaitable, mais je ne crois pas que cela arrivera. J'aimerais aussi avoir votre éclairage sur les relations entre la France et l'Italie. Je rends hommage à votre position constante d'Européen fervent, comme nous tous ici. Vous avez pris comme exemple d'un des changements dans les discussions autour des élections, le fait que le Président de la République française se soit exprimé pour la première fois en « prime time » à la télévision italienne, en indiquant que c'était le signe que le débat allait se faire entre les différents pays européens. Je ne sais pas si c'est une innovation, comme vous l'avez dit, mais on est obligé de considérer qu'elle est à la hauteur de la situation de crise exceptionnelle et inédite qu'il y a eu entre nos deux pays. Le Président de la République française a utilisé le terme de « lèpre » pour commenter ce qui se passe en Italie. L'ambassadeur de France en Italie a été rappelé. Côté italien, le vice-président du Conseil a dit soutenir les manifestants français tandis que Matteo Salvini a mentionné qu'après avoir eu des problèmes avec lui, le Président de la République française en avait avec son peuple. C'est peut-être cette situation exceptionnelle qui a aussi provoqué cette intervention exceptionnelle à la télévision italienne. Je souhaite, comme vous, que le débat en Europe soit intra-européen. Je ne suis pas sûr que cela soit le cas.

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