Intervention de Enrico Letta

Réunion du jeudi 7 mars 2019 à 9h35
Commission des affaires européennes

Enrico Letta, président de l'Institut Jacques Delors :

La question de l'agriculture a toujours été au centre de la vie européenne. Elle prend actuellement de l'ampleur en raison du nouveau clivage entre centre et périphérie. La thématique démocratietechnocratie traite de la question de la capacité des dirigeants à s'adresser à nouveau aux citoyens d'une manière compréhensible sur les sujets essentiels. Concernant la jeunesse, je pense qu'il faut faire un grand pas en avant. Une des propositions de l'Institut Jacques Delors est l'instauration d'un « Erasmus teens » à destination des adolescents, afin que le dispositif Erasmus ne s'adresse pas uniquement aux jeunes qui vont à l'université ou qui ont une famille pouvant les aider financièrement pour aller à l'étranger. Ce nouveau dispositif devrait offrir à tous les jeunes de seize ans la possibilité d'avoir une expérience à l'étranger financée par l'Europe. Proposer un Erasmus au niveau des études secondaires pourrait réduire le clivage qui se creuse entre citoyens du centre et citoyens de la périphérie.

La question de la centralité du citoyen n'est pas seulement liée à des questions théoriques générales : qu'est-ce que la souveraineté partagée au niveau européen ? qu'est-ce que la souveraineté étatique ? Les instruments concrets (la PAC ou Erasmus) permettent de faire comprendre aux citoyens que l'Europe n'est pas un concept lointain, éloigné de leurs préoccupations.

Concernant la méthode à employer, il faut éviter que le débat s'oriente sur les mêmes thèmes que ceux qui ont prévalu ces dernières années à savoir que l'Europe ne profiterait qu'aux citoyens cosmopolites à l'aise dans un environnement globalisé, que les institutions européennes seraient devenus les instruments froids de la globalisation gérés par des entités n'appartenant pas à l'Union européenne.

Je finirai en faisant un plaidoyer en faveur d'une nouvelle entente franco-italienne. J'encourage l'Assemblée nationale et sa commission des Affaires européennes à oeuvrer en ce sens. La crise actuelle est liée à des questions politiques domestiques mais aussi à des incompréhensions mutuelles sur certains sujets, comme le sujet migratoire, qui durent depuis longtemps. Il est nécessaire de ne pas avoir une approche superficielle des sujets qui opposent les deux pays. Je plaide pour que cette entente entre nos pays soit là pour faire le bien de l'Union européenne.

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