Intervention de Paul-André Colombani

Séance en hémicycle du lundi 18 mars 2019 à 21h30
Organisation et transformation du système de santé — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul-André Colombani :

Je tiens à saluer la fin du numerus clausus, qui me semble constituer une mesure courageuse allant dans la bonne direction. Elle aurait dû être prise depuis longtemps.

Il faut rappeler la genèse de ce dispositif afin de comprendre les conséquences de sa fin prochaine. Il y a plus de trente ans, quelques bureaucrates bien intentionnés ont pensé qu'en réduisant le nombre de médecins, on allait forcément réduire les dépenses de santé. Le numerus clausus, simple outil de régulation mis entre de mauvaises mains, produit aujourd'hui des effets dévastateurs dans tous nos territoires, sans exception.

Les dépenses de santé augmentent parce que l'espérance de vie a augmenté. Elles ont augmenté et elles continueront d'augmenter parce que la technologie évolue sans cesse. Si nous ne sortons pas d'une logique comptable et bureaucratique, nous ne réussirons pas cette réforme. Toutefois, nous ne devons pas tomber dans l'excès inverse.

Indépendamment du nombre de futurs médecins recrutés, il faut en effet bien comprendre que le combat contre la désertification médicale ne se gagnera pas si on ne lutte pas en même temps avec force contre la fracture territoriale.

Cette réforme sera réussie à deux conditions : d'une part, si on laisse les organisations professionnelles telles que les ordres et les unions régionales de médecins libéraux – URPS – copiloter avec les ARS les dispositifs qui vont être votés ; d'autre part, si on rend au métier de médecin son attractivité, notamment pour ceux exerçant en milieu rural, ce qui implique de lutter contre la surcharge administrative et d'envisager d'autres modes de rémunération – par exemple une rémunération variable en fonction des territoires – pour passer d'une logique égalitariste à une logique d'équité territoriale en matière d'accès aux soins.

Sans des mesures efficaces de ce type, ce sont nos concitoyens les plus fragiles qui continueront à être exposés, indépendamment du nombre de diplômés en médecine.

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