Intervention de Jean François Mbaye

Réunion du mercredi 7 novembre 2018 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean François Mbaye :

Le rapport Planète vivante de 2018 publié par le WWF ne vient malheureusement pas démentir les propos que j'ai moi-même pu tenir à l'occasion du rapport que j'ai présenté la semaine dernière. C'est finalement faire preuve de retenue que de qualifier son contenu de terrifiant. En moins d'un demi-siècle, pas moins de 60 % de la population des vertébrés sauvages ont disparu de la surface de la planète. Les mots ne manquent pas – en tout cas, pas à moi – pour exprimer l'effroi qui peut nous saisir. Néanmoins, l'on doit désormais faire place aux actions qui permettront d'endiguer cette insupportable dégradation de la diversité biologique.

Les raisons, nous les connaissons : destruction des habitats naturels, pollution, dérèglement climatique, surexploitation des espèces. Elles ont toutes un point commun. Ce sont toutes les filles de l'activité humaine. Vous le soulignez dans votre rapport, les trois quarts des espèces animales et végétales disparues depuis l'an 1500 de notre ère se sont éteintes en raison de leur surexploitation ou d'une activité agricole déraisonnée. Des études scientifiques en provenance de tous les pays du globe pointent un seul et même responsable : le genre humain, et les turpitudes de son mode de vie. Ces raisons, nous les connaissons. Et pourtant, nous n'agissons que très peu. Nous n'agissons pas. Des objectifs sont fixés, mais nous ne les atteignons pas. C'est ce que je relève, moi aussi, dans mon rapport.

En ce qui me concerne, le temps de la parole est révolu. Si cette dynamique mortifère ne s'inverse pas, l'espèce humaine viendra grossir les rangs de ces plantes, oiseaux, amphibiens, reptiles et mammifères qu'elle aura elle-même envoyés au néant. À ce titre, je me félicite de l'élaboration par le ministère de la transition écologique et solidaire d'un plan « Biodiversité » pragmatique et ambitieux. Il repose sur six axes principaux et prévoit une reconquête de la biodiversité fondée sur des actions concrètes – nous aurons peut-être le temps d'y revenir ultérieurement.

Dans votre rapport, vous faites pour votre part état d'une feuille de route comprenant trois points : l'objectif de restauration de la biodiversité, la mise en place d'indicateurs de progrès mesurables et pertinents, la définition de mesures permettant d'atteindre les objectifs fixés dans les délais requis. Je suis convaincu que les institutions, la vôtre et celle des ministères, gagneraient à nouer des partenariats stratégiques non seulement avec leurs homologues, mais encore avec les divers acteurs privés, parmi lesquels les ONG qui disposent d'une expertise indispensable dans le combat que nous devons mener.

Monsieur Canfin, selon vous, quelle possibilité la France aurait-elle de nouer ces partenariats ambitieux à l'échelle nationale, européenne voire mondiale ? Quelles mesures devrait-elle prendre afin de passer d'une logique verticale à une approche horizontale permettant à toutes les parties prenantes de se réunir autour de la table, de discuter d'égales à d'égales et d'agir tel un seul homme face à cet ennemi universel qu'incarne le déclin de la biodiversité ?

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