Intervention de Annie Chapelier

Réunion du mercredi 7 novembre 2018 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnie Chapelier :

Merci de vos exposés brefs, mais très explicites. Monsieur Canfin, l'un de vos slogans est « Nous avons tous besoin de la nature dans notre vie, demandez à vos dirigeants de la protéger. » En vous voyant devant nous, et face à l'intérêt que vous éveillez autour de vous, je me prends un peu à rêver que ce moment est venu et qu'une prise de conscience se produit chez les personnes que vous souhaitez solliciter.

Nous avons orienté nos échanges sur les relations entre le changement climatique et la sécurité. Mais si, comme vous l'avez exprimé, ce changement est un multiplicateur de menaces et l'une des causes les plus en plus fréquentes de l'insécurité – par des mécanismes que vous avez très bien expliqués –, il n'en reste pas moins que placer ces deux problèmes à la même échelle me dérange quelque peu. L'insécurité a toujours existé. Les crises, les guerres et les exodes aussi. Déjà, les changements climatiques ont ponctué notre histoire de crises démographiques, d'épuisements des ressources et de famines. Ils ont souvent été la cause des crises migratoires et de l'insécurité. Toute la nouvelle problématique de notre époque est que l'incidence du changement climatique n'a plus pour seule conséquence des mouvements de populations, mais aussi une remise en question de notre viabilité sur cette unique planète.

Je voulais illustrer mes propos par l'exemple de la Corne de l'Afrique, mais Mme la présidente ne m'en laissera pas le temps. Deux mille casques blancs et bleus sont actuellement sollicités, ce qui risque de créer un stress hydrique pour toute l'Égypte et ses 100 millions d'habitats, que ce soit par le remplissage du barrage Renaissance en Éthiopie, qui entraînera une baisse d'étiage du Nil, ou par l'aménagement du lac Sudd lorsque la paix reviendra dans le Sud Soudan, pays en conflit depuis des dizaines d'années – aménagement qui entraînera également, sans doute, une baisse d'étiage du Nil blanc.

Comment peut-on continuer, dans les instances internationales, à ne voir dans le retour de la paix qu'un développement économique, en faisant de notre propre modèle l'objectif à atteindre ? Comment changer les priorités dans les politiques de développement, en mettant en avant l'indispensable prise en compte environnementale, sinon par la prise de conscience des populations, les nôtres en particulier, et leur traduction notamment dans des changements de comportement et de consommation ?

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