Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du mardi 11 juillet 2017 à 15h00
Renforcement du dialogue social — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Il y a quatre ans, je recevais un appel d'un salarié d'un sous-traitant de Valeo qui désosse des embrayages. Il m'appelait parce qu'il souffrait d'un cancer de l'oesophage. J'ai visité l'entreprise avec lui : il respirait à jets continus de l'amiante, du zinc, du plomb et un produit chimique appelé Osiris. Dans les semaines qui ont suivi son appel, il est décédé en laissant deux enfants. Je me bats aujourd'hui aux côtés de son épouse pour faire reconnaître cela comme une maladie professionnelle.

Le cas de ce salarié n'est pas une exception. D'après l'enquête SUMER – surveillance médicale des expositions aux risques professionnels –, réalisée par votre administration, madame la ministre, 2,5 millions à 3,5 millions de salariés sont aujourd'hui en contact avec des produits cancérigènes. Ce chiffre ne baisse pas dans le temps. Les principaux secteurs touchés sont le BTP, la maintenance, les déchets, le nettoyage, et les salariés les plus touchés sont les plus précaires, à commencer par les stagiaires.

Ce combat pour ce salarié, je le mène aux côtés d'une sociologue, chercheuse au CNRS, Annie Thébaud-Mony, qui fut la compagne d'Henri Pézerat, le lanceur d'alerte grâce à qui l'amiante est devenue une affaire – sans lui, les industriels auraient encore trouvé le moyen de continuer à la faire passer pour un produit normal. Que me dit Mme Thébaud-Mony ? Il faut absolument un comité qui ne travaille que là-dessus, qui ne songe qu'à ça, qu'à la sécurité, qu'à la santé, sans y mêler l'économie et l'emploi. Le CHSCT, poursuit-elle, est redouté et il est dans le viseur du MEDEF depuis des années car il mène au tribunal, le cas échéant pour homicide.

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