Intervention de Michel Zumkeller

Séance en hémicycle du lundi 29 avril 2019 à 16h00
Débat sur la politique industrielle du gouvernement : ni défensive ni offensive

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Zumkeller :

En réponse à une demande de nos collègues du groupe Socialistes et apparentés, nous sommes amenés cet après-midi à nous interroger sur la politique industrielle de notre pays. Notre modèle économique ne produit plus assez de richesse pour financer notre modèle social. Pour pouvoir redonner du pouvoir d'achat, il faut recréer de la croissance et redécouvrir le sens d'une activité économique durable dans nos territoires. L'industrie française est malheureusement sur le déclin depuis de nombreuses années, au point que la France est devenue le pays d'Europe où la part de l'industrie dans le PIB est la plus faible.

Le Gouvernement a donc proposé une nouvelle politique industrielle et installé un nouveau Conseil national de l'industrie avec pour ambition de tourner cette politique vers l'innovation et la montée en gamme. Lors de son discours devant le Conseil, le 20 novembre 2017, le Premier ministre a insisté sur plusieurs points.

D'abord, le lancement d'un fonds pour l'industrie et l'innovation, opérationnel au début 2018 et doté de 10 milliards d'euros au service de l'innovation de rupture. Puis le renforcement des filières, avec un audit des comités stratégiques de filière et une cartographie des filières, chacune dotée d'une feuille de route. En mettant par ailleurs l'accent sur la défense d'une Europe de l'industrie, Édouard Philippe a précisé « Nous devons travailler ensemble sur des sujets tels que le contrôle des investissements étrangers, la réciprocité commerciale, et la création de champions européens » et a évoqué le développement de nouvelles filières industrielles au niveau européen.

Il a toutefois indiqué que l'État n'hésiterait pas « à monter au créneau en cas de menace d'OPA sur des champions français » dans différents secteurs, « y compris par exemple l'agroalimentaire ou les cosmétiques ». Le Premier ministre a également insisté sur le rôle de la French Fab, lancée le 2 octobre 2017, et annoncé la nomination d'un délégué interministériel à la restructuration.

Pour autant, après ces belles annonces, la vigilance s'impose. Ainsi, alors que le programme Territoires d'industrie, lancé en novembre 2018, devait bénéficier à 136 territoires pour 1,3 milliard d'euros, peu de protocoles sont signés à ce jour. Mois après mois, les annonces de différentes restructurations d'entreprises dans des secteurs très différents ne laissent pas présager d'une amélioration de la situation.

Par exemple, le Territoire de Belfort, que j'ai l'honneur de représenter subit à la fois l'impossibilité pour l'Union de s'affirmer comme une puissance – ce qu'illustre son incapacité à soutenir le projet de fusion entre Alstom et Siemens – et le reniement de General Electric en matière d'implantation de nouveaux emplois, malgré l'existence d'accords signés avec la garantie de l'État. Madame la secrétaire d'État, ces deux situations confirment malheureusement l'incapacité de votre gouvernement à peser sur des décisions économiques prises sans considération de l'emploi ou du développement de nos territoires.

Pourtant le groupe UDI, Agir et indépendants ne se résigne pas à ce déclin industriel. Nos propositions sont nombreuses et concrètes. Nous pensons qu'il faut faire progresser la qualité de vie au travail grâce à la digitalisation et à l'automatisation, et dynamiser le marché de l'emploi en améliorant la formation et en développant encore l'alternance. Nous proposons donc une nouveauté, un véritable contrat de génération qui constituerait une passerelle entre la personne partant à la retraite et le jeune embauché pour la remplacer – dispositif qui sera d'autant plus apprécié que l'on a cru comprendre qu'il faudrait travailler plus longtemps. Il permettrait à chacun de parvenir à un équilibre en termes de temps, et cette période de formation assurerait un suivi de la qualité et un maintien des savoir-faire dans les entreprises.

Nous pourrions ainsi conserver nos savoir-faire, soutenir le tissu des TPE et PMI pour les aider dans leurs investissements et leurs transitions, et accompagner toutes nos entreprises dans leur développement à l'export, comme le font très bien nos voisins européens, en particulier les Allemands, dont l'industrie est trois fois plus importante que la nôtre.

Enfin, alors que nos compatriotes vont devoir s'exprimer dans moins d'un mois pour choisir leurs députés européens, nous devons réaffirmer notre volonté de construire une Europe puissance, en faisant évoluer le droit de la concurrence européenne.

Avec les membres du groupe UDI, Agir et indépendants, nous faisons le constat des difficultés de notre industrie, mais nous savons aussi que nos savoir-faire et la qualité de nos ouvriers, de nos employés et de nos ingénieurs, est un formidable atout. À nous de mettre en place de vraies politiques concrètes et efficaces !

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