Intervention de Jacques Percebois

Réunion du jeudi 18 avril 2019 à 17h30
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Jacques Percebois :

Indiscutablement, l'autoconsommation et l'autoproduction d'électricité intermittente posent des problèmes au gestionnaire du réseau. En effet, 95 % des injections d'électricité renouvelable se font sur le réseau de distribution. Mais à certains moments, quand trop d'électricité entre sur ce réseau, il faut la remonter sur le réseau de transport. En principe, le réseau est fait pour aller du sommet vers la base, pas l'inverse. Remonter l'électricité a donc un coût. D'autres coûts tiennent au fait qu'il existe des variations assez importantes. Il faut d'ailleurs développer le réseau de distribution à certains endroits, pour pouvoir récupérer cette électricité renouvelable. En résumé, le gestionnaire du réseau de distribution, Enedis en l'occurrence, doit tenir compte des coûts liés à l'autoconsommation et l'autoproduction.

À cela s'ajoute le fait que l'autoproducteur décide de faire appel au réseau quand cela l'arrange. Il faut donc au moins un tarif de secours, pour éviter ce que l'on appelle la « spirale de la mort » : tout le monde aura intérêt à mettre de l'autoproduction sur sa maison, et les pauvres ruraux qui n'auront pas les moyens de mettre du photovoltaïque paieront pour tout le monde sur le réseau. Cela n'est pas tout à fait logique. Il faut tenir compte de cet aspect redistributif. Cela suppose de mener une réflexion sur la tarification d'accès au réseau, le fameux tarif d'utilisation des réseaux publics d'électricité (TURPE).

Par ailleurs, il est vrai que les nouveaux outils numériques, parmi lesquels le compteur Linky, permettent d'arbitrer à distance : obliger à de l'effacement à certains moments et à certains types de stockage, pour une meilleure gestion. Aujourd'hui, le maître mot est la flexibilité sur le réseau, qui passe par une flexibilité de la production thermique classique, par l'effacement plus marqué de la demande à certaines heures et par du stockagedéstockage. Actuellement, le stockage est hydraulique à 95 %. Nous avons la chance, en France, d'avoir 12,5 % d'électricité hydraulique et beaucoup de stockages, grâce aux barrages. Mais y a-t-il encore un potentiel de stations de pompage, c'est-à-dire de barrages permettant de stocker l'électricité ? À mon avis, oui – sur le papier, du moins. Mais il n'est pas très facile de construire des barrages aujourd'hui, tant l'opposition est forte : nous ne construirions pas aujourd'hui les barrages que nous avons construits dans les années 1950. Personne ne le conteste.

Pour le reste, je partage vos propos concernant le véhicule électrique. Aujourd'hui, la plupart des bornes sont installées chez les particuliers. Un effort plus important doit être consenti pour développer les bornes publiques. Il faut aussi anticiper qu'il y aura beaucoup de progrès techniques. En l'occurrence, je considère que les personnes modestes ne doivent pas se lancer dans l'acquisition de ce type de véhicule, car elles peineront à faire face aux progrès techniques dans les prochaines années. Il me semble que c'est le rôle de la puissance publique d'anticiper les progrès qui peuvent être attendus dans ce domaine.

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