Intervention de Éric Woerth

Séance en hémicycle du jeudi 19 octobre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Après l'article 10 (amendements appelés par priorité)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Woerth, président de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

Nous abordons un peu des pommes et des poires, puisque nous examinons les amendements portant article additionnel après l'article 10. Je souhaitais pour ma part examiner l'affaire de la fiscalité numérique qui, bien que fondamentale, est curieusement absente de ce budget, ainsi que du code du travail, mais c'est un autre sujet.

Je remarque qu'on a bien du mal aujourd'hui à articuler une pensée, et surtout des décisions sur l'impact de la fiscalité numérique. Beaucoup de travail a été fait ces dernières années, et la volonté du Gouvernement a été rappelée à plusieurs reprises par le ministre. Tout cela va dans le bon sens. Il faut que l'Europe, le monde, au travers du G 20, de l'OCDE – l'Organisation de développement et de coopération économiques – , se mobilisent. Beaucoup de travaux sont en préparation.

Un élément me paraît néanmoins indispensable pour progresser en droit français, et on peut agir au plan national y compris en étant partie de conventions internationales : progresser sur la notion d'établissement stable. L'absence d'établissement stable rend très difficile la fiscalisation de revenus pourtant générés sur notre territoire. Il faut donc adapter cette notion et lui donner une coloration plus actuelle, en définissant ce qu'est un établissement stable dans le domaine du numérique.

C'est précisément ce que nous essayons de faire dans le présent amendement, même si cette définition peut faire l'objet de beaucoup de critiques, par l'idée d'une empreinte décisive du numérique sur l'établissement et sur l'entreprise en question. Dès lors qu'une telle définition est posée, on a alors plus de possibilités de caractériser les revenus.

Dans l'affaire Google, qui a occupé les médias et le Gouvernement l'été dernier, le géant du numérique s'en est sorti devant le tribunal uniquement du fait de l'absence d'établissement stable caractérisé, qui permet de caractériser les revenus dans d'autres pays. En adoptant notre mesure, on pourra taxer plus facilement les revenus d'une entreprise après avoir établi sa présence numérique significative.

L'objet de cet amendement est donc de donner un coup de jeune à la notion d'établissement stable, de la moderniser, de l'actualiser dès à présent, pour l'intégrer ensuite dans les conventions fiscales.

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