Intervention de Alexis Corbière

Réunion du mardi 7 mai 2019 à 17h15
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Mes quelques mots vont être critiques mais je tiens à vous remercier, Mme la ministre, pour vos propos dans lesquels vous avez dit des choses fortes, peut-être pour la première fois. Vous avez utilisé une ligne de défense face aux questions que nous nous posons sur le Yémen, qui ont peut-être provoqué cette réunion, considérant que nous devions vendre des armes et vous avez brossé une forme de realpolitik, que l'on apprécie ou pas, mais qui a le mérite de nous éclairer sur les actes du Gouvernement.

La question « Faut-il vendre des armes ? » est un faux débat. Un cas très précis nous préoccupe dans un conflit particulièrement meurtrier, vous ne l'ignorez pas, qui interpelle, fait débat, indigne beaucoup de gens et pas seulement en France. Quels que soient les désaccords que je peux avoir avec vous, Mme la ministre, et avec tout le respect que je vous dois ainsi qu'à votre fonction, vous avez dit des choses sur ce conflit. J'estime, vous me pardonnerez la trivialité du propos, que quand vous vous exprimez devant nous vous devez dire des choses que nous désapprouvons mais qui sont justes. Vous avez dit le 4 juillet 2018 devant la commission que vous pensiez que les armes utilisées par la coalition ne l'étaient que de façon défensive. Vous avez également déclaré le 20 juillet 2019 que vous n'aviez pas connaissance d'une utilisation directe d'armes françaises au Yémen ; vous avez déclaré le 18 avril 2019 que vous n'aviez pas d'éléments de preuves permettant de dire que des armes françaises sont à l'origine de victimes civiles au Yémen. Je pense que vous ne reviendrez pas sur ces paroles devant nous ou devant les médias à forte audience. Pourtant j'entends bien que vous ne voulez pas commenter une note confidentielle, alors que c'est bien elle qui fait débat. L'existence de cette note semble remettre votre parole en cause et je souhaite que vous vous exprimiez sur cette note. Je n'accepte pas, Mme la ministre, que vous esquiviez, alors que cette note est précisément l'objet de cette audition. Vous devez vous prononcer. Cette note dit-elle vrai ? En aviez-vous connaissance ? Vos paroles selon lesquelles vous n'aviez pas d'éléments indiquant que des armes françaises étaient utilisées contre la population civile sont-elles vraies ? Nous avons besoin de savoir. Comme l'a dit mon collègue Hutin, nous pensons qu'il faut plus de pouvoir parlementaire. Vous avez évoqué votre conscience mais moi je veux soulager votre conscience (murmures de désapprobation dans la salle), vous n'avez pas à prendre seule certaines décisions et je comprends bien votre propos. C'est précisément la représentation parlementaire qui permet de faire des choix parfois difficiles, des choix aux conséquences géo-politiques, effectués non par une personne seule mais par un collectif. C'est tout l'objet…

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