Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du lundi 20 mai 2019 à 16h00
Transformation de la fonction publique — Article 19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

La politique consistant à se défausser sur les directeurs des administrations centrales et l'esprit dont elle relève trouvent leur aboutissement dans la contractualisation. Demain, il sera possible de mettre à la porte un préfet de police en disant qu'il faisait mal la tâche pour laquelle il est payé, parce qu'il sera contractuel. Non, cette façon de gérer l'État n'est pas la bonne, et elle nuit à la démocratie !

En démocratie, seul le politique est responsable devant le peuple. Les fonctionnaires servent, obéissent et exécutent les consignes qui leur sont données, quel que soit le gouvernement en place et quelle que soit la couleur politique de l'ordre qui leur est donné – et ils le font ! C'est ce qui a fait, pendant des générations, la supériorité de l'État français et de sa République, et l'admiration portée à notre service public.

J'ai dit tout à l'heure que la fonction publique, c'était l'État réel et concret. Et l'État, c'est la République réelle et concrète. Le mot « république » signifie en effet « la chose publique » : pour qu'elle demeure publique, il faut que la décision prise par tous et appliquée à tous trouve ensuite des agents qui la mettent en oeuvre dans l'esprit de cette norme.

En effet, ce qui a été décidé par tous s'applique à tous, que cela plaise ou non, parce que c'est la loi qui s'applique et que les gouvernements sont désignés par des majorités parlementaires qui représentent le peuple. L'État est nécessairement impartial, parce qu'on ne laisse pas les logiques privées s'y introduire.

Je crois utile de faire ici une parenthèse pour expliquer que je ne suis pas en train de dire que les logiques propres à l'entreprise privée ne sont pas bonnes intrinsèquement. Telle est certes mon opinion pour certaines entreprises, notamment pour tous les monopoles ou quasi-monopoles. Je pense en effet qu'il ne sert à rien de les mettre en concurrence, car cela n'a jamais abouti à une amélioration du service ou à une baisse des coûts.

Pour les autres, je ne dis pas que cette logique est mauvaise, mais qu'elle n'a pas sa place dans la fonction publique. En nommant contractuellement un directeur d'administration centrale parce que vous aurez trouvé intéressant son travail dans une entreprise privée, vous embaucherez un homme ou une femme dont les principes d'organisation n'ont rien à voir avec le service public.

Dans une entreprise privée, on fait son travail selon la manière dont celle-ci conçoit l'efficacité, c'est-à-dire en recherchant d'abord la rentabilité. Or la norme de l'État n'est pas la rentabilité, mais l'efficacité et l'utilité sociale. Rien à voir avec la rentabilité !

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