Intervention de Sandra Onyzsko

Réunion du jeudi 25 avril 2019 à 14h15
Mission d'information sur l'aide sociale à l'enfance

Sandra Onyzsko :

Il n'y a pas un frein à lever mais plusieurs. On entend beaucoup demander pourquoi on ne pourrait pas prendre pour assistants familiaux des gens qui travaillent. Nous ne nous y opposons pas, mais je pense que ce doit être décidé individuellement. En fait, notre gros problème, c'est la lourdeur des lois de 2007 et 2016 sur la protection de l'enfance. Elles ont fait que l'enfant n'est plus qu'un dossier, et on prend la même décision pour tous alors que chaque enfant a des besoins différents. Si une famille dont les parents travaillent désire accueillir un enfant, pourquoi pas ? Mais tout dépend des besoins de l'enfant accueilli, s'il lui faut beaucoup de suivi et donc beaucoup de disponibilité, et quel est le travail de la personne concernée ; cela doit s'étudier au cas par cas. La question du travail est un frein, mais la régler ne règlerait pas tout.

Nous avons adressé un questionnaire à 800 assistants familiaux, leur demandant comment ils l'étaient devenus. La raison souvent donnée est qu'ils connaissaient des gens faisant ce métier ou qu'ils avaient entendu des témoignages qui les avaient touchés. Donc, une partie des gens qui deviennent familles d'accueil se renseignent auprès de celles qui le sont déjà. Et quand une assistante familiale souffre parce qu'elle est dans une prise de risque continuelle – s'opposer au service, cela signifie n'avoir peut-être plus de travail demain, c'est une précarité –, elle dira : « Ça vaut le coup, mais je ne te le conseille pas de le faire. » Il y a des témoignages négatifs.

Lever un des freins consisterait à accompagner les assistants familiaux de manière pérenne. Il y a aujourd'hui des problèmes qui ne se posaient pas il y a trente ans, avec cette distorsion due à la professionnalisation à tout crin qui fait que l'on est très mal à l'aise avec la question de l'attachement, dont on a très peu parlé ici. On a des difficultés avec des travailleurs sociaux qui n'ont pas tous la même formation et qui disent : « Attachement, attention ». Mme Orlak a donné l'exemple de l'assistante familiale que nous avons accompagnée, qui avait des difficultés avec son service parce qu'elle s'était peut-être trop attachée à l'enfant qu'elle accueillait : peut-être s'était-elle trop attachée, mais cela signifie-t-il qu'il fallait suivre cette personne qui aurait eu besoin d'une formation, ou prendre la décision d'arracher un enfant à la famille d'accueil ? Aucun enfant ne souffre d'être trop attaché à son assistante familiale ! Il faut donc réexaminer la question de l'attachement.

Enfin, il faut clarifier ce qu'est une famille d'accueil, que l'on envisage soit par le prisme de la série de FR3, soit comme un métier ultra-dangereux. Il l'est, mais ce sont aussi de bons moments et c'est ce qui explique ces témoignages magnifiques. Pour clarifier les choses, il faut dépoussiérer le contrat d'accueil des assistants familiaux. Actuellement, ce n'est qu'une liste d'activités, sans qu'aucune compétence ne soit éclairée. Un assistant familial, est-ce un hôtelier et un transporteur, ou la famille d'accueil donne-t-elle un temps domestique et familial qui produit quelque chose pour l'enfant ? Si c'est bien de cela qu'il s'agit, qu'on le précise. Cela favoriserait les bonnes pratiques des assistants familiaux et valoriserait ce métier.

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