Intervention de Martine Balençon

Réunion du jeudi 2 mai 2019 à 17h15
Mission d'information sur l'aide sociale à l'enfance

Martine Balençon, présidente de la Société française de pédiatrie médico-légale :

Le dépistage des maltraitances suppose une bonne connaissance de la clinique de la violence, donc, indéniablement, l'acculturation dont j'ai parlé tout à l'heure. Mais cette consigne s'adresse au collectif : les enfants maltraités passent plus souvent et plus longtemps dans les systèmes de santé, il faut donc que les médecins qui les reçoivent aient des solutions de traitement. Or, on ne peut s'attendre à ce qu'un médecin diagnostique une maladie rare s'il n'en connaît pas le traitement. C'est ce que nous disions tout à l'heure au sujet de l'infarctus du myocarde.

Il serait donc important que nos confrères puissent se rapprocher d'une équipe référente en matière de violences faites aux enfants, notamment dans le milieu hospitalier. Ce serait conforme à la mesure 11 du plan « Violences ». Plutôt que d'un praticien isolé, il doit s'agir d'une équipe en pédiatrie médico-légale, précisément. Ce serait très bénéfique, puisque l'on ne voit et l'on ne traite que ce que l'on connaît.

Beaucoup de questions se posent au sujet du suivi. J'ai la conviction qu'il est très lié à la prise en charge initiale : il sera chaotique, si la prise en charge initiale n'est pas très bonne. D'où l'importance considérable de cette culture commune dans la prise en charge initiale, qui est une prise en charge médicale, pédiatrique, médico-légale parfois, par le biais du constat, et pédopsychiatrique. Je travaille, par exemple, dans une unité où, en coopérant étroitement avec des pédopsychiatres, nous parvenons à un dépistage très fort du psychotrauma, simple ou complexe. Il est vrai que le suivi pédopsychiatrique ne se fera pas forcément dans notre unité, mais, dans tous les cas, les choses auront été bien posées initialement. Or les moyens du suivi dépendent aussi de cette étape initiale et de son organisation.

Enfin, l'ARS de ma région, la Bretagne, crée actuellement, autour des groupements hospitaliers de territoires (GHT), un groupe de travail sur l'enfance en danger, dont je suis responsable. Il s'organisera par niveaux de soins, comme ceux qui existent en périnatalité, et sera rattaché à un CHU de niveau 3, qui traite certains dossiers beaucoup plus graves, et conduit des travaux de recherche susceptibles d'inspirer des formations. Le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur les morts violentes d'enfants a formulé la proposition que les ARS se saisissent de ce sujet. C'est ce qu'a fait celle de Bretagne, pour la coordination des GHT, en tout cas, en créant ces équipes référentes qui forment un maillage. Elles sont aussi en lien avec celles qui s'occupent des violences faites aux femmes. Sur ce sujet, la HAS s'apprête à faire paraître des recommandations auxquelles j'ai contribué au titre de la Société française de pédiatrie médico-légale. Un travail important peut être fait, en la matière, sur la coordination. Cela dit, il faut que les coordinateurs voient aussi des patients.

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