Intervention de Julien Aubert

Séance en hémicycle du mardi 28 mai 2019 à 21h30
Modification du règlement de l'assemblée nationale — Article 8

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

Ne vous inquiétez pas, cela arrive assez rarement. Je sais bien que l'opposition irrite mais nous sommes là par la volonté du peuple, nous aussi.

Monsieur le rapporteur, c'est une question de justice. J'approuve le principe de réduire la discussion générale mais considérer que tous les groupes, quelle que soit leur importance numérique, doivent disposer du même temps d'expression, est injuste car ainsi vous punissez le député qui choisit d'adhérer à un groupe numériquement important puisqu'il aura statistiquement moins de chances d'exprimer sa nuance.

Vous encouragez ainsi, et ce sera encore plus vrai lorsque vous aurez introduit la proportionnelle, les députés à créer des sous-groupes, lesquels permettraient artificiellement de disposer d'un temps de parole plus long.

Par ailleurs, et on le voit bien dans d'autres démocraties, le temps est le seul privilège de l'opposition. L'opposition sait que le texte finira toujours par passer. La seule variable d'ajustement dont elle dispose est le temps qu'il y faudra et c'est précisément ce temps-là qui traduit son opposition. D'ailleurs, il existe aux États-Unis une technique, le filibuster, bien illustrée dans Mr. Smith au Sénat, par laquelle un membre du Congrès peut physiquement s'opposer en ne lâchant pas le micro. C'est une manière comme une autre, et reconnue en tant que telle, de marquer son opposition.

Vouloir raccourcir le temps, c'est aussi enlever à l'opposition la capacité d'exister.

Un dernier argument a été développé et je n'y reviendrai pas. À l'heure où l'on essaie de réduire la pensée à 140 caractères, il est important de préserver un lieu où l'on prenne un peu de temps. Réduire la discussion générale au format Twitter n'est pas le meilleur service à rendre à la démocratie.

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