Intervention de Augustin de Romanet

Réunion du mercredi 22 mai 2019 à 11h15
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Augustin de Romanet, président-directeur général d'Aéroports de Paris (ADP) :

Ou, si vous le permettez, à Aurillac ! (Sourires) À Super-Lioran, il y a de très bonnes nouvelles remontées mécaniques, et qui continueront à être desservies au contact, puisque le taux de contact pour les avions d'Aurillac a augmenté de 17 points cette année, au cours de laquelle ce nombre est passé de 31 à 48.

Plus sérieusement, je réponds à M. Vincent Descoeur que le fait que l'actionnaire soit privé ne changera rien à l'autorité de COHOR, l'Association pour la coordination des horaires, ni à l'autorité de la direction de l'aviation civile. Je n'imagine pas une seule seconde que vous, parlementaires, ayez moins d'accès au management ou moins de facultés. Aujourd'hui par exemple, sur le territoire français, beaucoup d'aéroports sont gérés par des entités privées, et vos relations avec le management et les actionnaires sont tout aussi proches ; je ne suis donc pas sûr qu'il y ait de drame.

La question de Mme Valérie Rabault fait partie de la série des questions très sophistiquées. Je ne crois pas que le Gouvernement ait dit que nous gérions mal ADP. Une phrase a peut-être été mal perçue par nos collaborateurs, mais je ne pense pas que le Gouvernement nous en veuille. J'en veux pour preuve que c'est lui qui a proposé que le management actuel continue. Nous avons les moyens de nous développer, cela est vrai et je n'ai jamais dit autre chose ; vous me faites donc répéter ce que j'ai toujours dit. Avons-nous assez d'argent pour nous développer ? La réponse est oui.

Il faut être notarial dans les deux sens du terme. Je suis obligé de dire avec la même force qu'on peut très bien gérer une entreprise avec des capitaux publics, mais aussi que le plancher de 50 % de la participation de l'État au capital est un handicap pour créer un géant mondial. Nous avons été leader mondial en 2018. Si demain matin, nous voulions racheter un grand groupe international, nous devrions le faire par échange de titres et diluer un peu la part de l'État. Donc, de façon notariale, il est exact que le groupe pourrait se développer et être un géant mondial si cette limite de 50 % était levée.

J'ai pesé chacun de mes mots : lever cette limite de 50 % ne signifie pas nécessairement descendre à 0 %, mais par exemple descendre à 40 %, 30 %, 20 %, 10 %, etc., car la loi PACTE autorise tout.

Monsieur Sébastien Nadot, la réponse à votre première question est oui : il est non seulement possible, mais souhaitable de moderniser les entreprises, quel que soit leur statut, public ou privé.

Par ailleurs, faut-il favoriser le train sur des trajets courts de préférence à l'avion ?

Là aussi, sur le plan de l'intérêt général, la réponse est probablement oui, mais nous, aéroports, accueillons tous les avions que le COHOR nous demande d'accueillir. Lorsque l'on parle de trajet court, il faut par exemple distinguer Paris-Aurillac, qui est relativement court, mais est formidablement important par rapport à la route, de Paris-Amsterdam, desservi par un TGV. Je préfère donc Paris-Aurillac à Paris-Amsterdam, mais cela reste théorique : la chose est plus compliquée, parce qu'à Amsterdam il y a un hub de connexion aéroportuaire, etc.

Je n'ai donc pas aujourd'hui la capacité technique de répondre de façon définitive à votre question ; le débat reste ouvert.

À M. Lionel Causse qui m'a demandé si la loi PACTE permettait de mieux travailler avec les élus, je dirai que nous souhaitons d'ores et déjà être proches d'eux ; c'est la raison qui nous a conduits à implanter notre siège social à l'aéroport Charles-de-Gaulle.

Par ailleurs, comme vous le savez, quatre censeurs siègent désormais à notre conseil d'administration, qui sont quatre élus locaux : le maire d'Orly, la présidente de la région Île-de-France, Mme la maire de Paris et le président de l'établissement public de Roissy. Ainsi, paradoxalement, la loi PACTE va accroître l'empreinte publique sur l'entreprise.

La question de Mme Valérie Beauvais est assez dramatique, parce qu'effectivement les situations humaines sont catastrophiques. Une personne est dédiée quasiment à plein-temps à Charles-de-Gaulle au travail avec les associations, notamment la Croix-Rouge, à qui nous avons confié un mandat de gestion de cette situation très délicate, car ce sont plusieurs dizaines de personnes qui vivent à demeure sur le site.

Madame Zivka Park, je crois vous avoir répondu : il est incontestable que le mouvement autorisé par le vote de votre Assemblée permet au groupe d'envisager une croissance encore plus forte ; c'est incontestable. Sans vouloir entrer dans des débats de fond sur l'innovation, même si j'ai eu l'occasion de le dire ce matin, je crois que si aujourd'hui nous possédons tous un iPhone, c'est parce que le ministère de la défense américain a investi dans des innovations de rupture…

S'agissant du CDG Express, ce qui est très important, c'est de bien se rendre compte qu'il ne doit pas nuire aux transports du quotidien. Nos collaborateurs et nous-mêmes savons que la ponctualité du RER B est insuffisante et que sa qualité de service est améliorable. Pour le CDG Express, nous avons prévu 500 millions d'euros de travaux, c'est-à-dire quasiment 35 % pour améliorer le RER B et la ligne K.

Nous avons donc bon espoir en la volonté politique du Gouvernement. Il a accepté de signer un contrat de concession en janvier dernier, avec la Caisse des dépôts, SNCF Réseau et ADP. La décision d'engager la parole de l'État a été prise pour construire cette ligne ; ce qu'il faut maintenant, c'est qu'elle soit acceptable par les riverains et qu'ils comprennent qu'il n'y a pas lieu d'opposer les transports du quotidien et le CDG Express. Nous avons beaucoup milité pour la ligne 17, comme je l'ai dit tout à l'heure ; elle doit arriver à Charles-de-Gaulle au plus tard en 2030, si possible en 2028, et je pense qu'en n'opposant pas les deux, nous avons une chance d'y arriver.

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