Intervention de Jean-Luc Fugit

Séance en hémicycle du vendredi 7 juin 2019 à 21h30
Mobilités — Article 26 aa

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Fugit, rapporteur de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire :

Oui, je sais que je suis un peu long, mais comme je n'ai pas pris la parole ces derniers jours, même lorsqu'on abordait ces sujets, j'en profite.

J'ajouterai deux arguments.

Fixer l'échéance en 2025 ou 2030 laisserait, selon moi, trop peu de temps aux acteurs de l'automobile pour s'adapter. D'ailleurs, les gammes de véhicules qui sortiront entre 2020 et 2025 sont déjà en préparation.

S'agissant de l'amendement no 3284, si l'on interdit la vente de véhicules neufs et d'occasion à partir de 2030, cela signifie que si l'un de nos concitoyens achetait en 2025 un véhicule diesel ou essence, même hybride, à partir de 2030 il n'aurait plus le droit de le vendre d'occasion. Vous rendez-vous compte des difficultés financières dans lesquelles vous allez mettre cette personne ?

Je trouve que la trajectoire fixée à travers ces amendements est bien trop courte. C'est pourquoi j'y suis défavorable. Sincèrement, je pense que ce que nous avons décidé en commission n'est pas si mal.

Pour ce qui est de la mutation des sites industriels, monsieur Potier, il est bien évident que nous partageons votre préoccupation. Cela concernera les constructeurs, les équipementiers et les sous-traitants. Des évolutions seront nécessaires. Pour cela, il faudra actionner le levier de la formation professionnelle. Il faut aussi prendre conscience qu'avec l'hydrogène, le biogaz et l'électrification vont apparaître de nouveaux métiers. Aujourd'hui, selon une récente étude de l'Association pour l'emploi des cadres, 60 % des métiers de 2030 ne sont pas encore connus. Imaginez ce que ce sera en 2040 ! Cela veut dire qu'il va falloir mettre le paquet sur les évolutions et être agile dans la formation. Il faudra que les établissements d'enseignement supérieur y participent.

Dernier point, nous disposons dans notre pays d'instituts de recherche remarquables – je l'avais déjà souligné en commission ainsi que, très rapidement, en discussion générale. Je pense à l'IFP Énergies nouvelles, à l'ADEME, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, à l'IFSTTAR, l'Institut français des sciences et technologies des transports, au CEREMA, le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement, ainsi qu'à tous les autres organismes qui travaillent dans ces domaines. Nous disposons de chercheurs et d'anciens chercheurs de très haut niveau. Je rappelle que 70 % des publications de recherche européennes sur l'hydrogène sont produites par des laboratoires français.

Nous avons un écosystème, il faut l'accompagner. Laissons-lui du temps – et le temps que nous proposons de lui laisser, c'est celui d'une génération, à l'horizon 2040.

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