Intervention de Anne Haine

Réunion du jeudi 16 mai 2019 à 9h30
Commission d'enquête sur la situation et les pratiques de la grande distribution et de ses groupements dans leurs relations commerciales avec les fournisseurs

Anne Haine, directrice générale de Nielsen France :

Tout d'abord, il faut dire que nous codons chaque année plus de produits : à peu près 1 400 produits par semaine, et ce chiffre a tendance à augmenter.

J'ajoute quand même que, pendant cette période de forte déflation, il s'est passé deux choses. La première, c'est que les fabricants, pour éviter qu'on puisse comparer leurs prix – car c'est la révolution technologique des comparateurs de prix qui a créé la déflation, en rendant accessibles les prix dans tous les magasins –, ont dû réinventer les codes, avec des formats spécifiques par enseigne. Mais la distribution, ou bien un fabricant, reprenait son produit, appliquait un mini-changement de recette, et essayait de revenir au prix d'avant. Ce n'était pas une fausse augmentation de tarif, c'était juste un essai pour changer le code et revenir à l'ancien prix. Et nous, on essayait de vérifier le chaînage de code pour vérifier si c'était bien le même produit – et au bout de quelques mois ou semaines ça redescendait.

Il y a donc eu cette accélération des codes un peu virtuelle, qui ne crée pas forcément de la valeur, mais permet de revenir aux anciens prix. Avec ces innovations, un produit bio peut avoir un indice supérieur de 20 % à 25 % à celui d'un produit conventionnel. Les produits des PME répondent à une demande, à une promesse de qualité peut-être, qui justifie des prix plus élevés. Comme ils sont souvent régionaux, et donc moins distribués, ils sont moins faciles à comparer d'un magasin à l'autre, donc moins « bataillés ». C'est ce que nous expliquons dans nos conférences : si la grande distribution apprécie aussi les PME, c'est pour la qualité de leur produit, mais aussi pour le fait qu'ils sont plus difficiles à comparer.

Et l'autre chose que je voulais dire, c'est que la pression mise par la distribution sur les fabricants, mais aussi sur elle-même, sur les MDD, s'est faite au détriment de l'investissement dans les innovations. Nous essayions bien de leur expliquer, parce que nous avons un département innovation, qu'en temps de crise – mais, pour nous, la France n'est pas en crise par rapport à d'autres pays du monde – les fabricants qui s'en sortent, une fois la crise passée, sont ceux qui ont continué d'investir dans des produits, qui inventent le produit qui sortira demain, même si c'est difficile et si cela demande des efforts.

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