Intervention de Jean-Louis Bricout

Séance en hémicycle du mardi 18 juin 2019 à 21h30
Relance de l'État en panne — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bricout :

… en raison de la politique ultralibérale menée par ce gouvernement, nous assistons à plusieurs phénomènes qui entravent l'accès aux droits fondamentaux et concourent à créer un sentiment diffus de rupture entre les usagers et entre les territoires.

L'accès aux services faisait partie des principales préoccupations des gilets jaunes et reste, malgré les mesures annoncées par le Gouvernement à la fin de 2018 et à la suite du grand débat, une préoccupation majeure de nos concitoyens, notamment les plus fragiles. Obnubilés par les équilibres budgétaires, pour compenser les cadeaux que vous faites aux plus riches, vous ne jurez d'abord que par la numérisation et la dématérialisation pour réaliser des économies. Pourquoi pas, après tout ? Toute piste technologique est bonne à exploiter, à condition de ne pas avancer, comme vous le faites, sans se préoccuper des hommes ni des territoires.

Avez-vous réellement conscience des fractures que vous provoquez ? Elles sont d'abord territoriales, pour ceux qui ne disposent pas d'un réseau suffisamment développé. Rappelons que 7,5 millions de nos concitoyens sont privés d'internet. Elles sont ensuite sociales, pour les populations les plus modestes : vous mettez nos aînés, isolés dans nos territoires, éloignés de leurs familles, en véritable situation de fragilité.

En ce qui concerne la santé et l'accès aux soins, chacun d'entre nous a clôturé des cérémonies de voeux en souhaitant à nos concitoyens une bonne année et une bonne santé. Le dire, c'est bien ; rendre possible ce que l'on dit, c'est mieux. En matière d'accès aux soins, il convient de sonner l'alerte. Comme la proposition de résolution le rappelle, le nombre des passages aux urgences a triplé depuis vingt-cinq ans, pour atteindre 21 millions en 2016. Nous vous demandons une rallonge budgétaire de 500 à 600 millions d'euros pour débloquer la situation et prendre le temps de tout remettre à plat. Allez-vous entendre ?

S'agissant de la démographie médicale, voilà plus d'une décennie que le Gouvernement y va de ses propositions et mesures incitatives pour l'installation de médecins en zone carencée. Les élus locaux s'affairent, d'ailleurs, à mailler leur territoire pour y installer cet outil indispensable à l'exercice de cette profession qu'est la maison de santé pluriprofessionnelle, qui permet la réalisation d'un projet médical.

Vous avez boosté le numerus clausus : nous nous en félicitons. Pourtant, cela ne suffit pas, tant s'en faut. Vous n'avez pas compris que l'incitatif a trouvé ses limites, parce que nos territoires sont confrontés à un problème d'attractivité pour attirer de nouveaux médecins ou spécialistes, dont le choix d'implantation obéit à des enjeux non seulement professionnels mais aussi personnel et familial.

Pourtant, vous balayez d'un revers de main les propositions de notre collègue Guillaume Garot, comme toutes les mesures de régulation. On assiste à de véritables surenchères entre les territoires pour attirer de nouveaux médecins. Il en est de même entre les établissements hospitaliers. On frise l'indécence. Vous devriez vous attarder sur cette situation.

Dans ma circonscription, la Thiérache, territoire cohérent et solidaire, vous faites pire encore, puisque vous avez réussi, avec votre bras armé, l'agence régionale de santé, à semer la zizanie en déclassant un petit bout de territoire, le canton de La Capelle, des zones carencées. Vous avez créé une situation de concurrence déloyale.

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