Intervention de Marielle de Sarnez

Réunion du mardi 28 mai 2019 à 17h35
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarielle de Sarnez, présidente :

Mes chers collègues, nous avons le plaisir de recevoir M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, en audition publique. Je le remercie vraiment pour sa présence parmi nous. Il vient régulièrement devant notre commission, comme il s'y était engagé. Nous lui en sommes tout à fait redevables.

Votre audition, monsieur le ministre, intervient au lendemain d'élections européennes qui ont mobilisé les citoyens, particulièrement les jeunes : plus d'un électeur européen sur deux s'est déplacé pour voter. Une nouvelle législature se prépare. Dès aujourd'hui se tient un Conseil européen où devraient être évoqués les principales responsabilités au sein de l'Union européenne et les contours de la future majorité. Le Brexit s'invitera sans aucun doute aux discussions sur les conséquences à attendre de la démission de Theresa May. Nous aimerions vous entendre sur ces deux points.

Depuis votre dernière audition, nous avons constaté la montée en puissance de tensions, en particulier commerciales, dans le monde. Nous avons évoqué cette situation avec Pascal Lamy et Roberto Azevêdo, l'actuel directeur général de l'Organisation mondiale du commerce – OMC. Avec la guerre ouverte que mènent les États-Unis contre la Chine mais aussi contre le reste du monde, y compris l'Europe, nous voyons bien que nous sommes en face de ce qu'il faut nommer un échec du multilatéralisme. La riposte est difficile, comme le montrent les retards dans l'application d'INSTEX, acronyme d'Instrument in support of trade exchanges, mécanisme européen censé permettre aux entreprises de contourner les sanctions américaines contre l'Iran. J'espère que vous nous en direz davantage sur la question.

Toujours en matière commerciale, je veux saluer la position de la France qui a, avec raison, conditionné son accord à de nouvelles négociations avec les États-Unis au respect par ces derniers de l'accord de Paris sur le climat. D'une manière générale, je pense qu'il convient, au niveau européen, d'élaborer un nouveau cahier des charges en matière d'accords de commerce. La France est-elle prête à prendre une initiative ou à prendre l'initiative d'une telle refondation ? Notre commission va être saisie, en juin, du projet de ratification du traité sur la coopération et l'intégration franco-allemande, signé à Aix-la-Chapelle, concernant l'accord économique et commercial global – AECG ou CETA pour Comprehensive Economic and Trade Agreement. Où en est le calendrier de ratification ?

Les tensions et crises mondiales ne sont pas seulement commerciales. Je pense évidemment à la Syrie et plus particulièrement à Idlib, la dernière grande poche des rebelles où la situation est un cauchemar, selon le mot du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU). Damas tente de reprendre ce territoire par la force, en dépit de l'accord de Sotchi qui devait établir une zone démilitarisée. Cette situation nous inquiète. Les conditions sont-elles remplies pour écarter les risques d'une résurgence de Daech ? Je ne sais qui peut répondre à cette question tant que la stabilité et la reconstruction de la Syrie n'entrent pas dans une phase concrète.

Je pense au Yémen où les tensions militaires s'aggravent en dépit du début de redéploiement des forces militaires à al-Hodeïda. Cette escalade de la violence a été récemment marquée par des attaques de drones, revendiquées par les Houthis, contre des installations pétrolières et un aéroport saoudien, ainsi que par des frappes de rétorsion sur Sanaa par l'Arabie Saoudite. Les risques de déstabilisation de la région étant importants, il est plus que jamais nécessaire de faire respecter l'accord de Stockholm.

Je pense à la Libye, où les forces du chef du gouvernement al-Sarraj et celle du maréchal Haftar s'affrontent. Les risques de déstabilisation profonde et de chaos sont très importants. Un accord politique est-il encore possible ? Si oui, à quelles conditions ?

Pensant à la Libye, je pense aussi à son grand voisin qu'est l'Algérie. Nous suivons de très près ce qui s'y passe. La mobilisation populaire ne semble pas faiblir. Quelle est votre analyse de la situation ? Comment voyez-vous son évolution dans les mois qui viennent ?

Nous aimerions aussi vous entendre sur la situation au Venezuela, alors que ce pays s'enfonce chaque jour davantage dans une crise économique, sociale et humanitaire.

De même j'aimerais avoir votre analyse sur la situation au Soudan après le renversement du régime d'Omar al-Bachir.

Monsieur le ministre, vous nous ferez sûrement un point sur la lutte contre le terrorisme au Sahel. Permettez-moi d'avoir à nouveau une pensée pour nos deux soldats qui sont morts dans une opération de libération d'otages, et auxquels la nation a justement rendu hommage.

Le dernier sujet, qui touche à l'influence de la France dans le monde, nous tient particulièrement à coeur : l'augmentation des frais d'inscription des étudiants étrangers en France. Deux parlementaires – Marion Lenne et Pascal Brindeau – ont rendu un excellent rapport sur ce sujet. Inquiets, des pays qui privilégiaient la France examinent désormais d'autres destinations possibles pour leurs étudiants. Entendez-vous ces inquiétudes, monsieur le ministre ? Comment le Gouvernement compte-t-il y répondre ?

Avant notre traditionnelle séance de questions et réponses, vous avez la parole, monsieur le ministre.

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