Intervention de Jean-Baptiste Lemoyne

Réunion du lundi 3 juin 2019 à 15h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères :

Il y avait, voici quinze ans, une direction du tourisme comptant 200 personnes au ministère de l'équipement ainsi que différents organismes, tels que la Maison de la France et ODIT France. Le paysage a été très fortement rationalisé au fil des quinquennats et des majorités successives. La logique voudrait que l'on réunisse la mission Tourisme du Quai d'Orsay et la petite partie de la direction générale des entreprises qui est en charge de l'ingénierie et du code du tourisme. Avoir deux fois quinze personnes de chaque côté n'est pas la solution la plus opérante. C'est une conviction personnelle, et je vais tenter de l'étayer lorsque j'en ferai part au Premier ministre. Quand on parle de rationalisation, une telle évolution aurait du sens.

Il n'y a pas de mésestimation du poids de ce secteur. Il faut aussi rappeler qu'il est très éclaté sur le plan de son organisation sociale. La mission d'information de Frédérique Lardet a permis de rationaliser un peu la situation en ce qui concerne les opérateurs de compétences (OPCO) : les principaux acteurs du tourisme sont réunis dans deux OPCO, contre cinq ou six auparavant.

Le secteur présente de multiples facettes, et l'un des enjeux essentiels est de faciliter le parcours professionnel des métiers de l'accueil en général. Mais je peux vous dire que nous avons une ambition pour le tourisme en France. Le Premier ministre ouvre le capot tous les six mois, à l'occasion des comités interministériels du tourisme (CIT) : il arbitre, il tranche, il décide. J'en veux pour preuve le dernier CIT, qui s'est tenu il y a quelques jours : des mesures ont été prises au sujet de la détaxe, mais aussi de l'emploi et de la formation. Cela étant, tout n'est pas du ressort de l'État et la politique du tourisme est, par excellence, une politique partenariale. Toutes les collectivités ont leur mot à dire et je me souviens que, durant les débats sur la loi portant nouvelle organisation territoriale de la République, toutes les collectivités, à tous les échelons, se sont battues pour conserver une compétence en la matière.

La logique partenariale du secteur touristique se traduit dans les modes de structuration des acteurs économiques : le fait qu'ils s'organisent au sein d'associations montre qu'ils ont conscience de la nécessité de se grouper. Je ne prendrai que deux exemples. En matière de formation, les principales formations et les principaux employeurs se sont regroupés au sein de la Conférence des formations d'excellence du tourisme. Par ailleurs, un comité de filière s'est organisé qui, dans les prochaines semaines, réunira l'ensemble des parties prenantes.

J'en viens à Atout France. Je veux tirer mon chapeau à un opérateur qui, depuis dix ans, a continué à assumer de nombreuses missions, alors même que ses effectifs n'ont pas cessé de diminuer, année après année. Lorsque notre pays a été frappé par la vague d'attentats de 2015 et que la fréquentation touristique a chuté, nous avons su, même avec des effectifs réduits, rebondir et regagner la confiance des clientèles internationales. Je suis donc certain que nous arriverons à surmonter les difficultés liées au mouvement des « gilets jaunes », même si la voilure doit encore se réduire.

S'agissant des mesures d'économie qui ont été prises, les choses sont très claires et je les ai abordées lors d'un conseil d'administration extraordinaire. J'ai incité les différentes parties prenantes à ne pas s'enfermer dans des postures, mais à travailler sur un plan stratégique et à définir à la fois les missions essentielles d'Atout France et les moyens nécessaires pour les remplir. Nous avons désormais une gouvernance renouvelée : M. Christian Mantei a été désigné président du conseil d'administration et Mme Caroline Leboucher, directrice générale. Cette dernière a déjà su, par le passé, réorganiser d'autres opérateurs et je pense que son expérience sera précieuse. Il faut continuer à aller de l'avant, avec les collectivités locales et le secteur privé. Je salue le fait qu'un euro mis par l'État génère un euro mis par le privé et 0,50 euro mis par les collectivités locales : c'est un effet de levier significatif.

S'agissant du tourisme de montagne, après les plans des années 1960, qui ont permis d'écrire de magnifiques histoires, et qui nous ont surtout fourni de magnifiques outils, nous avons perdu la première place, au profit de l'Autriche. Mais tous les travaux qui sont menés, notamment dans le cadre du Comité stratégique du tourisme de montagne, vont nous permettre, d'ici la prochaine réunion du Conseil national de la montagne, au mois d'octobre, de reconquérir des parts de marché.

Concernant la réforme de la taxe de séjour, nous avons laissé la main au Parlement et nous attendons avec intérêt les évaluations qui en seront faites. Le rapporteur général m'a confié qu'il souhaitait inclure dans son rapport sur l'application des mesures fiscales un volet consacré à cette évaluation. Il est vrai que nous avons manifestement un problème avec les auberges de jeunesse : il faut, d'un point de vue juridique et législatif, clarifier les choses. J'adhère à l'objectif de simplification et il faut reconnaître que, grâce aux plateformes, la collecte s'est faite de manière plus systématique. On a toujours tendance à leur jeter la pierre, mais le législateur est utilement intervenu pour restaurer une forme d'équité, et les ressources créées sont dédiées à la promotion du tourisme.

Je terminerai en disant qu'il ne faut pas jeter la pierre au secrétaire d'État chargé du salami coréen... J'accueillerai au Quai d'Orsay, le 12 juin à 19 heures 30, – et vous serez le bienvenu, monsieur le rapporteur général – la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs. Nous sommes en plein dans le sujet !

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