Intervention de Thierry Michels

Réunion du mercredi 3 juillet 2019 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Michels :

Madame la directrice générale, nous vous remercions pour votre exposé et nous nous félicitons de votre présence parmi nous : un an après le vote de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, notre pays n'a jamais autant eu besoin de formation. Nous sommes donc très heureux d'avoir cet échange avec vous sur le bilan et les perspectives de l'Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes.

Comme vous nous l'avez expliqué, l'AFPA est dans la tourmente, et ses difficultés structurelles, qui ne font que croître depuis 2004 en raison du transfert aux régions de la commande publique de formation des chômeurs, et se sont encore aggravées en 2009 du fait de la libération du marché de la formation professionnelle, ont nécessité un changement de statut en 2017 afin de garantir la pérennité économique de votre établissement. Un plan social est en cours et la fermeture de plusieurs sites a été annoncée en octobre 2018, avec des prévisions cependant largement revues à la baisse ce mois-ci grâce à un dialogue resserré avec les syndicats.

L'AFPA et vous-même, madame la directrice générale, avez donc de nombreux défis à relever, et nous sommes heureux de vous voir mobilisés, menant ces combats tout en tenant un cap ambitieux. Pour relever ces défis, l'AFPA doit pouvoir s'appuyer sur ses soixante-dix ans d'expérience et ses atouts – qui sont nombreux, comme j'ai pu le constater lors de ma visite à votre établissement de Strasbourg-Illkirch.

L'agence est un acteur essentiel de la formation professionnelle des adultes, en particulier pour l'insertion professionnelle des plus éloignés de l'emploi. L'AFPA accorde environ la moitié des 160 000 titres professionnels délivrés chaque année au nom du ministère du travail, et accompagne les moins qualifiés dans la formation : en 2017, 66 % de ses stagiaires ont accédé à une formation correspondant à un premier niveau de qualification et 31 % des stagiaires de moins de 26 ans sont entrés en formation à l'AFPA sans détenir de qualification préalable.

Votre agence, soucieuse de répondre aux besoins de ces publics vulnérables, mais aussi d'innover pour mieux les accompagner, a développé de nouvelles offres de services, notamment en direction des jeunes en quête de projets professionnels, mais aussi des réfugiés. On peut citer le programme HOPE, qui instaure des hubs de services au coeur des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Ces programmes sont en cours d'expérimentation et des déploiements progressifs sont évidemment attendus sur la base des résultats qui seront obtenus.

Pour conclure, je souhaite insister sur la mobilisation de l'AFPA en faveur de deux publics de citoyens qui me tiennent à coeur – comme, j'en suis sûr, à tous les commissaires des affaires sociales : les actifs handicapés et les apprentis. En ce qui concerne les premiers, nous avons encore beaucoup à faire pour leur permettre d'intégrer pleinement le marché du travail : un adulte handicapé sur cinq est au chômage, et ni le secteur privé ni le secteur public ne respectent l'obligation légale d'intégrer 6 % de travailleurs handicapés dans leurs effectifs – les taux ne sont que de 4,65 % pour le secteur public et de 3,4 % dans le secteur privé.

Les efforts sont évidemment très importants pour les employeurs, et l'embauche des personnes handicapées s'est trouvée facilitée, l'année dernière, par l'adoption de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, mais la formation reste l'outil majeur de l'intégration professionnelle. Il faut donc saluer l'action de l'AFPA puisqu'en 2017, vous avez accueilli 3 500 actifs en situation de handicap, qu'ils soient demandeurs d'emploi ou salariés. On peut toujours penser que ce chiffre, qui ne représente que 2,5 % de vos stagiaires, est insuffisant, de même que le taux de retour à l'emploi de ces personnes, limité à 49 %, donc inférieur au taux du public général, mais il convient cependant de saluer l'effort réalisé et d'encourager votre action dans ce domaine.

L'autre avancée majeure de la réforme de la formation professionnelle réside dans l'attribution de nouvelles prérogatives permettant aux organismes de formation continue d'ouvrir des sections d'apprentissage. L'AFPA n'a pas manqué ce rendez-vous en intégrant l'apprentissage à ses missions et en proposant, dès septembre 2018, un catalogue de 230 formations diplômantes accessibles en alternance – contrats professionnels et apprentissage confondus. Gageons qu'avec l'enrichissement de votre offre, les résultats et l'attractivité de votre établissement ne seront que meilleurs.

Une de vos missions, avez-vous dit, consiste à accompagner l'émergence et la structuration des nouveaux métiers : la transition écologique et énergétique devrait vous donner l'occasion de déployer vos compétences dans ce domaine.

Soyez assurée, madame la directrice générale, que nous sommes à vos côtés dans l'action que vous menez, car votre succès sera évidemment celui des nombreux bénéficiaires de vos formations, qui trouveront leur place dans le marché du travail de façon pérenne.

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