Intervention de Paul Christophe

Réunion du mercredi 19 juin 2019 à 16h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Christophe :

L'assurance maladie a récemment publié un panorama de ses dépenses en 2017. Les dépenses liées aux maladies chroniques continuent de progresser avec le vieillissement de la population. Ce panorama permet d'objectiver les grandes tendances face auxquelles notre système de santé doit se tenir prêt. Cet accroissement des dépenses est lié tout à la fois au nombre de patients pris en charge et au coût des innovations thérapeutiques. Ce coût des traitements reste régulé grâce aux baisses de prix des médicaments imposées par les pouvoirs publics. Chaque année, de nouvelles économies sont portées sur le volet médicament. Sur les dix dernières années, le médicament a représenté près de 60 % des économies générées, alors qu'il ne représente que 15 % des dépenses du champ de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie (ONDAM). Ces coups de rabot à répétition relèvent d'une politique d'ajustement qui abîme chaque année un peu plus le secteur, en lieu et place d'une politique programmatique à moyen terme de nature à assurer une visibilité aux acteurs.

Les économies fragilisent les officines pharmaceutiques. Il n'y a jamais eu autant de fermetures de pharmacies en France en dix ans. Si ces fermetures se justifient parfois par la nécessité de regrouper des petites structures, il faut toutefois faire très attention à la disparition d'officines dans les territoires fragiles. Madame la ministre, vous m'aviez affirmé vouloir vous appuyer sur ce maillage territorial des pharmacies. D'où mon inquiétude, à ce stade.

Je m'inquiète d'autant plus qu'il vous faudra compenser les 3,6 milliards d'euros de déficit que prévoit le haut conseil du financement de la protection sociale. De nouvelles économies sont donc à prévoir et je crains qu'une fois le plus, le ministère se tourne vers le levier médicament, plus simple que d'autres à actionner. Ce pourraient être les économies de trop, les économies qui inviteraient tout simplement les laboratoires à délocaliser. La France est un grand pays d'industrie de santé qui recule par rapport à ses voisins européens. Baisse de prix, lourdeur de la réglementation et délais d'accès au marché justifient une croissance nulle du marché du médicament en France, en neuf ans.

Madame la ministre, on voit bien la difficile équation entre la capacité à répondre à l'ensemble des besoins thérapeutiques urgents, la faculté d'accompagner l'innovation avec un accès équitable dans un rapport de force entre industriels et pouvoirs publics autour de l'enjeu du prix du médicament. À ceci s'ajoute le besoin de maintenir l'attractivité de la France sur la scène internationale. La tâche n'est pas aisée. Pour autant, Madame la ministre, doit-on s'inquiéter de ces déclarations ?

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