Intervention de Adrien Quatennens

Réunion du mardi 2 juillet 2019 à 16h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

Madame la ministre, le temps qui m'est imparti ne me suffirait pas pour aborder tous les aspects détestables de cette réforme de l'assurance chômage. Aussi, je regrette que votre présence devant notre commission soit le fait d'un simple décret et non d'un projet de loi plus large sur un sujet aussi essentiel que le chômage.

Dans votre présentation, vous disiez regretter que patronat et syndicats n'aient pas trouvé d'accord. Je ne vous crois pas. Au contraire, je pense que le Gouvernement a tout mis en oeuvre pour qu'il n'y ait pas d'accord et pouvoir ainsi reprendre la main. Qu'elle est belle votre interprétation du rôle de pompier pyromane quand, d'un côté, vous facilitez le recours aux contrats courts, en inventant même de nouveaux, et d'un autre côté, vous prétendez lutter contre la précarité de l'emploi avec un cosmétique bonus-malus !

Madame la ministre, vous ne vous battez pas contre le chômage, vous vous battez pour vos statistiques. Or la réalité du chômage au quotidien, ce ne sont pas des statistiques, ce sont des couples qui se défont, des foyers qui tombent dans la pauvreté, des enfants en échec scolaire, des inégalités qui se reproduisent et, au bout du compte, quelque 14 000 morts par an dans notre pays. Pour l'essentiel, votre réforme vise à durcir les conditions d'accès à l'indemnité chômage. Rien que par la modification de la règle qui porte de quatre mois travaillés sur vingt-huit à six mois sur vingt-quatre, ce sont 600 000 chômeurs qui seront directement rayés de la carte.

Finalement, votre réforme laisse entendre deux idées sous-jacentes inacceptables. La première serait que les chômeurs se maintiennent volontairement au chômage. Or, comme cela a été dit, un chômeur sur deux n'est pas indemnisé, et ce raisonnement a été invalidé par le fait que le chômage était au plus bas dans notre pays quand son indemnisation était beaucoup plus haute qu'aujourd'hui. La seconde idée, c'est celle que trouver un emploi pérenne serait facile, qu'il suffirait peut-être de traverser la rue, à en croire la récente maxime de M. Macron : « vous voulez travailler, on a des offres » – négation même de la réalité de pénurie de création d'activité pérenne dans notre pays. Pourquoi refusez-vous d'admettre, plutôt que de simplement nous parler formation professionnelle – ce qui, par ailleurs, est intéressant –, que la situation est bien celle d'une pénurie de création d'activité et qu'en attendant des politiques ambitieuses de relance, notamment par la planification écologique, la diminution du temps de travail, par exemple, est radicalement plus efficace que toutes les mesures que ce Gouvernement a prises depuis le début du quinquennat ?

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