Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du mercredi 17 juillet 2019 à 21h30
Accords entre l'union européenne et le canada — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Lorsque l'on se penche sur les perspectives en la matière, on découvre que les exportations de lait représentent moins de 1 % des exportations de l'Union européenne, que les retours dans les fermes en matière de prix sont quasi nuls et qu'il y a, en réalité, un grand détournement de la valeur.

Que se passe-t-il ? La politique agricole commune finance le lait, ce qui permet aux industriels de l'acheter à un prix plus acceptable. Cette plus-value est ensuite exportée vers le Canada, qui baisse lui-même ses droits de douane. Pour les géants du lait qui sont positionnés sur le marché canadien – il y a un géant français dans cette situation, qui va d'ailleurs perturber très fortement l'organisation des quotas laitiers dans les provinces canadiennes – , il y a beaucoup d'argent à gagner. Dans les fermes, en revanche, le retour est de zéro centime à ce stade ; tous les syndicats spécialisés, notamment la Fédération nationale des coopératives laitières, nous le disent. Tel est le bilan des dix-huit premiers mois d'application provisoire de l'accord.

C'est pourquoi je réitère ma proposition fondamentale : dans un monde fini, qui comptera bientôt dix milliards d'habitants, chaque hectare sera utile, de même que chaque paysan ; nous aurons besoin de tous les agriculteurs du monde. Il faut poser un principe politique fondateur : aucune agriculture ne peut détruire une autre agriculture. Nous devons additionner nos forces ; nous avons besoin, à l'échelle de la planète, non pas de prédateurs, mais de coopérateurs.

L'exemple du lait, comme celui du boeuf, montre les limites de ce libre-échange. Nous devons, au contraire, inventer des coopérations mondiales, seules à même de garantir la sécurité alimentaire de notre planète, laquelle passe aussi, bien sûr, par la prise en compte du changement climatique. Il s'agit de prévenir des conflits violents et des migrations sauvages. Il y va donc en partie de la paix dans le monde.

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