Intervention de Christine Gétin

Réunion du mardi 21 mai 2019 à 16h30
Commission d'enquête sur l'inclusion des élèves handicapés dans l'école et l'université de la république, quatorze ans après la loi du 11 février

Christine Gétin, présidente de l'association HyperSupers :

Je vais répondre à cette dernière question pour rebondir ensuite sur les traitements, dans la logique du diagnostic différentiel.

Comment reconnaître un enfant simplement agité d'un enfant TDAH ? En fait, si l'enfant est simplement agité, il n'y a pas de vrai problème. Les parents doivent se poser des questions quand ils commencent à se plaindre d'être épuisés, de devoir surveiller leur enfant à chaque instant pour lui éviter des accidents, d'avoir un quotidien où la pression atteint une intensité qui dépasse l'entendement.

Je vais vous raconter une anecdote, dont vous me direz que ça arrive à tout le monde, sauf que ça se répète dix ou vingt fois par jour. Mon fils, qui a maintenant 35 ans, a toujours ces difficultés là, mais il vit bien avec, après avoir dû malgré tout suivre un traitement pendant une partie de sa vie. Il avait perdu quatre fois de suite sa carte d'identité, avait quinze tournevis pour ouvrir la porte de son appartement quand il était sorti en laissant ses clés dans un tiroir, il avait perdu sa carte bancaire, son chéquier et son portable, qu'il s'était fait voler car il l'avait laissé dans un coin. La préfecture a même fait une enquête de police, assez logiquement, pour savoir s'il ne faisait pas un trafic de cartes d'identité ! Tout cela pour vous dire que cela atteint des sommets et que, dans une fratrie, ces enfants sortent du lot. Rien qu'entre le réveil et le moment où vous les déposez à l'école, vous êtes épuisé !

Le diagnostic différentiel est fait par des pédopsychiatres. Il faut que l'ensemble des symptômes soient présents depuis longtemps – déficit d'attention, hyperactivité, impulsivité – et entraînent une désocialisation –ce sont des enfants qui n'ont pas d'amis. Ce n'est pas simplement l'agitation qui fatigue les parents, c'est l'ensemble. Lors du diagnostic, le médecin va proposer des médicaments, généralement du méthylphénidate, connu sous différents noms commerciaux, dont la Ritaline. Ce médicament est un psychostimulant, qui améliore le niveau d'éveil et qui n'entraîne pas d'addiction. Le fumeur n'oubliera pas son paquet de cigarettes, mais l'enfant, lui, oubliera son médicament, car il n'est pas dépendant. Or, vingt minutes après la prise, il en ressentira les effets bénéfiques. Le premier jour où mon fils en a pris, il m'a dit : « Je ne savais pas que mon cerveau était capable d'être attentif » ! Ce médicament est à la fois le plus décrié et le plus étudié au monde. Si, en France, les prescriptions sont en augmentation, c'est parce que les diagnostics sont plus nombreux ; la proportion de personnes sous méthylphénidate reste tout à fait raisonnable et les chiffres de vente, publiés par Médic'am, sont stables.

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