Intervention de Guy Teissier

Réunion du mercredi 17 juillet 2019 à 9h35
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuy Teissier :

Ma chère collègue, merci de votre enthousiasme pour ce traité hautement symbolique, mais nous pouvons, néanmoins, nous interroger sur l'équilibre qu'il présente. Vous avez dit, dans une jolie formule, qu'il y avait de l'argent. Mais qui finance les projets ? Vous ne nous parlez pas des différents programmes ni de leur financement. Comment seront répartis les investissements, par exemple ceux consacrés à la recherche et au développement ou à la coopération transfrontalière, dont vous venez de nous parler ? Un agenda de mise en oeuvre de tous ces projets a-t-il été rédigé et savons-nous comment les choses vont se passer ? Les conséquences financières et économiques en matière de mutualisation des moyens seront-elles valables pour tous les projets ?

Je voudrais, par ailleurs, m'intéresser à la coopération militaire. En Europe, le couple traditionnel était plutôt formé par la France et les Britanniques. Pour cause de Brexit, il semblerait que l'on veuille se rapprocher de nos voisins allemands. Or, il y a des différences fondamentales dans les manières de faire entre nos armées et celles de l'Allemagne qui s'engage fort peu et qui coopère fort peu. Au moment le plus dur de l'engagement de la France pendant la guerre d'Afghanistan, les Allemands ont tenu un hôpital. Si c'est très important, ils ne s'engageaient pas militairement. En plus, il y a des différences de comportements et de traditions – l'armée allemande est fortement syndiquée, par exemple, ce qui rend tout engagement auprès des autres armées européennes toujours très complexe. D'ailleurs, la plupart du temps, il n'y a pas d'engagement au combat. Cette coopération relève du voeu pieux, qu'il faut certes formuler, mais dont je ne vois pas très bien les débouchés.

Nous avons aussi à craindre de nombreux obstacles relatifs notamment à la question des contrôles des exportations d'armements produits en commun. Il ne pourrait y avoir de politique européenne avec l'Allemagne si ses partenaires devaient craindre sa politique d'exportation. Anticipons également : que se passerait-il si le prochain gouvernement allemand n'acceptait pas les accords négociés avec l'actuelle chancelière, notamment en matière de défense et de coopération militaire ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.