Intervention de Général François Lecointre

Réunion du mardi 11 juin 2019 à 17h10
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général François Lecointre :

Je répète ce que j'ai dit :il n'y a pas de CAESAR sur le territoire yéménite. Je considère qu'il y a beaucoup de fantasmes, je le redis, quant à l'implication des armées françaises et de la France dans le conflit yéménite. Celui-ci nous intéresse effectivement parce que nous avons un partenariat stratégique avec les Émirats arabes unis, qui sont engagés au Yémen comme vous le savez, et parce que au titre de ces partenariats stratégiques, nous leur avons vendu des armes, en particulier des chars Leclerc, qu'ils ont engagés dans ces opérations. Toutefois, les éléments dont je dispose à l'heure actuelle me font penser que les armes que nous avons vendues aux Emiriens ne sont pas engagées directement sur les lignes de fronts, en particulier pas les chars Leclerc.

Il est vrai que nous avons vendu des armes, notamment des canons CAESAR et des bateaux, à l'Arabie saoudite. Je me souviens de travaux que nous effectuions en commission interministérielle d'études sur les exportations de matériel de guerre (CIEEMG) sur le sujet spécifique du Yémen. En l'occurrence, nous suivions de façon extrêmement précise les endroits où étaient déployées les unités d'artillerie qui étaient équipées de canons CAESAR.

En outre, nous avions mis en exergue et en évidence que ces canons étaient là pour la protection de la frontière entre le Yémen et l'Arabie saoudite, mais qu'ils ne pouvaient que difficilement servir objectivement – quand on sait ce qu'est le travail d'une batterie d'artillerie, en particulier en milieu montagneux – à participer à des batailles ou à l'appui d'une force qui serait engagée au combat au Yémen. Voilà ce que je peux vous dire. Je n'ai pas connaissance de canons CAESAR déployés au Yémen aujourd'hui.

Par ailleurs, nous sommes, je le répète, très attentifs à ce que les armes que nous exportons et que nous vendons, d'une part ne nous fassent pas courir le risque d'être surclassés par qui les emploierait et pourrait les retourner contre nous ; d'autre part ne soient pas employées par les pays auxquels nous les vendons contre leur propre population ou contre des populations civiles, en particulier dans des opérations de maintien de l'ordre. Enfin, nous sommes attentifs à la situation au Yémen et dans cette zone-là de manière générale. Nous nous informons avec toutes nos capacités de renseignement le plus précisément possible sur la dégradation de la situation, en particulier parce que le maintien de la liberté de circulation dans le détroit de Bab-el-Mandeb est absolument vital pour notre économie et notre liberté d'action.

Je persiste et signe, je pense qu'il y a beaucoup de fantasmes sur ce conflit qui, c'est vrai, est absolument épouvantable et devrait trouver aussi rapidement que possible une solution. Vous pouvez m'accuser ou me faire tous les procès d'intention, mais je ne crois pas, très sincèrement, que la France fasse autre chose qu'essayer de régler ce conflit et d'appeler les parties à ce conflit à un règlement.

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