Intervention de Virginie Schwarz

Réunion du mercredi 11 septembre 2019 à 9h40
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Virginie Schwarz :

Les territoires d'outre-mer ont un besoin d'attention particulière de la part de l'établissement en raison d'enjeux territoriaux et climatiques spécifiques et de l'éloignement géographique des services centraux de Météo-France. Météo-France doit mettre en oeuvre des moyens importants, avec des points d'attention particuliers.

C'est actuellement le cas de Mayotte avec l'émergence du volcan et l'affaissement du territoire qui s'ensuit. Une vigilance vagues-submersion est donc prévue pour 2021.

Le sujet des sargasses aux Antilles mobilise également beaucoup l'établissement, à la demande des pouvoirs publics. Météo-France a installé un service de surveillance et détection des bancs de sargasses dans les Antilles.

Le centre d'alerte des tsunamis ne dépend pas de Météo-France. Il profite de la présence de l'établissement pour relayer des alertes, mais n'est pas piloté par Météo-France.

Il n'existe pas de projet de transfert vers l'île Maurice du centre d'alerte des cyclones.

Le classement en état de catastrophe naturelle est décidé par les pouvoirs publics. Météo-France contribue à ce système : il fournit une information technique, puis le classement, les critères et les seuils de classement sont décidés par les pouvoirs publics.

La transparence que vous appelez de vos voeux, madame Jennifer De Temmerman, sur les méthodes utilisées par l'établissement et le type d'informations transmises me paraît naturelle et souhaitable. Il ne faut toutefois pas omettre qu'il s'agit d'un sujet complexe – celui de l'humidité dans le sol – qui ne bénéficie pas de réseaux de mesure, mais seulement de modélisations. Météo-France doit être transparent sur son travail et sur le dispositif de catastrophe naturelle.

Concernant l'École nationale de la météorologie, la volonté de l'établissement est de renforcer l'articulation entre enseignement et recherche. Nous constatons qu'il existe de grands besoins à l'international et l'école est très sollicitée dans le cadre de coopérations bilatérales. Elle va donc continuer à jouer son rôle de formation de prévisionnistes, y compris pour la météo militaire, avec une sensibilisation de plus en plus importante aux questions de changement climatique et d'adaptation, notamment pour la prise en compte des risques dans les territoires.

D'ici 2022, le nombre de départs dit « naturels » de Météo-France représentera environ 800 personnes. Cela comprend les départs en retraite, les démissions, les mutations et les retours dans l'administration. Dans le plan actuel, l'établissement continuerait à recruter environ 400 personnes, dont 160 par concours. Il existe donc une dynamique de recrutement qui me paraît importante.

Météo-France réalise chaque année un bilan du dispositif de vigilance, y compris sur le sujet des fausses alertes ; la transparence me paraît importante. Aujourd'hui, les fausses alertes – c'est-à-dire les situations où Météo-France met en place une vigilance orange ou rouge et où les faits prévus ne se concrétisent pas – représentent 10 % des alertes.

Les cas de non-détection représentent pour leur part 2 %. Il s'agit de situations à risque qui n'ont pas été signalées en amont.

C'est une préoccupation dans les deux cas. Bien entendu, il faut éviter d'alerter les populations ou d'émettre inutilement des vigilances, mais les conséquences de non-détection peuvent être encore plus problématiques. Il faut trouver un équilibre. Ces deux indicateurs se sont améliorés en 2018 et il faut poursuivre dans ce sens, mais il ne faut pas réduire de façon prioritaire les fausses alarmes, ce qui pourrait conduire à augmenter le taux de non-détection.

Météo-France améliore progressivement la précision de ses prévisions. Les moyens apportés par le supercalculateur vont, par exemple, permettre de gagner une à deux heures de précision supplémentaire. Cet équipement permettra de diminuer l'échelle à laquelle Météo-France travaille de 1,3 kilomètre et même à 500 mètres pour les sites à enjeux comme les grands aéroports.

Le financement de Météo-France est assuré de façon complémentaire par une subvention pour charges de service public qui représente un peu moins de la moitié de son budget, et par des ressources externes.

L'ensemble de ces éléments doit faire l'objet d'une grande attention de la part du PDG de l'établissement. La subvention pour charges de service public et le contrat pluriannuel qui a été signé avec le ministère de l'action et des comptes publics apportent des garanties. Les redevances de navigation aérienne sont les recettes externes de Météo-France : elles doivent pouvoir se maintenir au niveau où elles se situent depuis une dizaine d'années. L'établissement dispose également de recettes commerciales issues des services développés et proposés aux collectivités et aux ministères.

Concernant le littoral, Météo-France propose, en partenariat avec d'autres opérateurs, la vigilance vagues-submersions. Les partenariats sont importants pour bien exercer les missions dans un cadre financier qui est contraint, comme cela est le cas pour tous les opérateurs de l'État. Nous travaillons donc avec le service d'hydrographie de la marine. Le BRGM travaille à une meilleure connaissance des vulnérabilités des territoires, aux politiques de prévention et à l'amélioration de la qualité des vigilances.

Je suis convaincue que Météo-France peut faire plus en matière de sensibilisation et de diffusion d'informations sur le changement climatique, et de contribution à l'action publique. La masse de données et de connaissances est extraordinaire et pourrait être mieux partagée. Il existe déjà deux plateformes internet qui sont aujourd'hui disponibles – Drias et ClimatHD – l'une pour les experts, l'autre pour le grand public, qui permettent de faire prendre conscience de ce qui va se passer dans les territoires.

Météo-France ne doit pas chercher à tout faire. Il n'en a pas les moyens et peut-être pas non plus les compétences. Quand on parle de plan d'action, d'accompagnement à l'action, d'accompagnement dans les politiques d'adaptation ou de définition des politiques d'adaptation, je crois que ce n'est plus le rôle de Météo-France. Je ne le dis pas pour défendre un autre établissement public qui m'est cher, l'ADEME, et dont c'est le rôle, mais je crois qu'un établissement public ne doit pas chercher à s'occuper de tout. Le rôle de Météo-France, c'est d'apporter de l'expertise et de donner des informations plus claires et plus compréhensibles, éventuellement avec des SMS et des moyens modernes de communication. Cela passe par la refonte de son site internet et de son application mobile, mais il ne s'agit pas d'aller plus loin aujourd'hui.

Le numérique est un sujet sur lequel je dois me pencher Je suis toutefois très favorable à l'ouverture et donc à la possibilité de mettre en place des opérations telles que des « hackathons ». Le ministère de la transition écologique et solidaire le fait maintenant depuis plus de deux ans, y compris avec certains de ses opérateurs, et cela me paraît être une opportunité intéressante.

Le projet de restructuration, de réorganisation et d'évolution des statuts des personnels de Météo-France est fondé sur l'idée que les possibilités croissantes offertes par le numérique ont un effet sur l'activité de toutes les entreprises. Tous les établissements peuvent travailler différemment, en étant plus efficaces et en ayant de meilleurs résultats. C'est un souhait de recherche d'efficacité en termes d'organisation tout en en assurant une meilleure qualité de service.

Il ne s'agit évidemment pas de supprimer le rôle de l'humain : les opérateurs et les agents de Météo-France conserveront un rôle essentiel, notamment les prévisionnistes. Il y aura également des possibilités de requalification professionnelle pour les agents techniciens qui pourront, dans certaines conditions, passer au statut d'ingénieur. Il ne s'agit donc pas de supprimer l'activité humaine et le rôle des agents, mais de leur donner un rôle un peu différent dans la structure, d'automatiser ce qui peut l'être et de préserver, au contraire, le rôle des agents là où ils ont la plus grande valeur ajoutée. Effectivement, je m'inscris dans le cadre fixé entre l'établissement et ses autorités de tutelle.

Météo-France est responsable du système mondial de sécurité en mer sur l'Atlantique nord, dans l'océan Indien ouest, dans la moitié de la Méditerranée et dans les eaux territoriales et les zones économiques exclusives. Il a donc un rôle très important, avec un soutien à la marine nationale partout dans le monde.

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