Intervention de Adrien Quatennens

Séance en hémicycle du mercredi 25 octobre 2017 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 — Article 3

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

Nous devons toujours nous interroger sur les raisons qui conduisent à transférer des fonds de la banche accidents du travail et maladies professionnelles – AT-MP – à la banche maladie. Pourquoi plusieurs milliers de gens malades à cause de leur travail ne sont-ils pas reconnus comme tels et indemnisés par la branche AT-MP, qui est, je le rappelle, financée par le patronat ?

Pour ma part, j'avance plusieurs explications.

D'abord, la médecine du travail connaît un déclin important depuis plusieurs années. Les occasions de détecter les maladies professionnelles se raréfient. L'application de la loi EL Khomri a aggravé cette tendance : le principe de la visite médicale d'embauche systématique a été supprimé. Désormais, les salariés dont les postes ne présentent pas de risques particuliers ne passent plus qu'une visite d'information et de prévention, un simple entretien qui doit être organisé après l'embauche. Quant aux visites périodiques, elles sont de plus en plus espacées dans le temps. Les choses ne vont, hélas, pas s'arrêter là, puisque les ordonnances réformant le code du travail ont supprimé une partie des prérogatives des CHSCT – les comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail – , qui pouvaient identifier les postes à risques et enquêter sur les effets de situations potentiellement dangereuses.

Ensuite, l'article 3 prend acte de la mise en oeuvre du compte professionnel de prévention, qui a remplacé le compte personnel de prévention de la pénibilité, pourtant seule composante de la sécurité – dont vous dites qu'elle est le pendant de la flexibilité, une flexibilité forcée.

Le déni dont le Président de la République a fait preuve lorsqu'il a refusé d'affronter la réalité de l'existence de la pénibilité au travail ne doit pas contaminer cette assemblée de représentants de la Nation. Oui, osons le terme de pénibilité ! Les travailleurs risquent leur santé au quotidien, et je parle non seulement des ouvriers, dont nous ne sommes peut-être pas nombreux, dans cette assemblée, à nous sentir proches, mais aussi des cadres, qui paient les conséquences de traitements lourds et de violents déclassements ou du burn out, qu'une médecine du travail exsangue ne parvient plus à prévenir. Ayons conscience de ces faits durant l'examen de ce projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

J'insiste sur ces aspects trop souvent mis de côté et vous appelle, mes chers collègues, à un peu moins de technicité budgétaire et à un peu plus d'humanité et de considération pour les travailleurs, lors de nos discussions à venir.

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