Intervention de Christophe Castaner

Réunion du mardi 8 octobre 2019 à 17h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur :

Vous le savez, un ministre ne passe pas le plus clair de son temps sur le terrain, contrairement à nos 250 000 policiers et gendarmes. Je n'ai donc pas la prétention de les remplacer ni de parler en leur nom, mais je veux tout de même vous dire que votre procès politique est injuste, car ils accomplissent un travail majeur. Nous ne sommes pas en situation d'échec. Quand nous déjouons cinquante-neuf tentatives d'attentat, quand nous empêchons des organisations terroristes islamistes – vous voyez que je n'ai pas peur de ce mot – de se constituer dans notre pays, ce n'est pas un échec. Il est vrai qu'on en parle moins, même quand la menace d'attentat est aux portes de la place Beauvau et du Palais de l'Élysée, comme ça a été le cas il y a quelques mois. Si vous pensez, monsieur Masson, qu'il suffit qu'un responsable politique dise qu'il n'y aura plus jamais d'attentat dans notre pays, vous pouvez vous en convaincre. J'applique, pour ma part, un principe de réalité, qui m'évite d'intenter des procès politiques et me conduit à regarder la réalité en face, sans désigner tel ou tel. On peut être en désaccord sur les méthodes, mais je pense qu'il est important d'avoir cela à l'esprit.

Je laisserai Laurent Nuñez évoquer à nouveau ce que sont réellement les fichiers S. Voilà des années, en effet, que les uns et les autres établissent des amalgames au sujet de cet outil indispensable. Votre proposition aboutirait à supprimer le fichage et le fichier S, donc à priver les femmes et les hommes qui se trouvent sur le terrain d'instruments efficaces pour mener à bien leurs enquêtes.

Vous m'avez également interrogé sur les listes communautaires. En droit, celles-ci n'existent pas. Des musulmans, des juifs, des catholiques peuvent constituer une liste. Des religions sont présentes – et non pas représentées – en France, depuis de longues années, sur les listes électorales. La ligne rouge est le respect des valeurs de la République. Si, au nom d'un communautarisme, une liste était déposée qui mettait en cause les valeurs de la République, je vous affirme solennellement que je prendrais toutes les dispositions pour l'empêcher. Par exemple – en ce soir de Kippour –, on voit bien que certains construisent une parole politique sur l'antisémitisme, ce qui est insupportable et doit être sanctionné. En ma qualité de ministre de l'Intérieur, j'ai interdit la fameuse trente-quatrième liste aux élections européennes, qui se revendiquait d'une obédience religieuse, décision que le Conseil d'État a annulée, ce qu'il ne m'appartient pas de commenter. Je peux vous dire que, sur ce sujet, je suis ferme et continuerai à l'être.

Sébastien Huyghe est aussi dans le procès politique ; je n'ai pas davantage entendu de propositions de sa part.

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