Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Réunion du mercredi 16 octobre 2019 à 9h35
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

La France insoumise ne votera pas en faveur du budget général, ni en faveur des crédits de la mission Écologie, développement et mobilité durables. Mes collègues ont d'ores et déjà donné leur avis dans le cadre de la commission des finances. Nous en sommes au point qu'un comité de défense de l'existence du ministère de l'écologie a été créé en son sein, par ceux-là même qui le font vivre, en raison notamment du nombre de postes supprimés et de la baisse des budgets.

La France aurait intérêt à appuyer le mandat confié par l'ONU à l'Équateur et à l'Afrique du Sud pour créer un cadre législatif, certes non contraignant, incitant les entreprises multinationales à respecter les normes sociales et environnementales. Une discussion se tient à ce sujet à l'ONU ; les États-Unis s'en sont retirés suite au refus d'en changer la présidente, alors équatorienne. La France, quant à elle, n'y est plus qu'observatrice. J'estime que nous pourrions mieux faire en ce domaine.

Je salue la qualité du rapport de M. Mbaye, sur lequel la France insoumise s'appuiera dans le cadre de l'initiative qu'elle prépare concernant les forêts. Votre participation, monsieur Mbaye, serait vivement appréciée.

Si au Moyen Âge la France a connu une forte déforestation, c'est parce que la richesse à cette époque résidait dans la terre. Le contexte aujourd'hui est différent : la terre, en particulier la terre arable, est toujours une richesse, mais la déforestation ne constitue plus une obligation pour faire prospérer un pays. Les causes de la déforestation sont désormais entièrement sociales. La première d'entre elles est le besoin en énergie ; ainsi, partout où les populations ont accès à d'autres sources d'énergie, telles que l'électricité, le processus de déforestation ralentit et, parfois, s'inverse.

Par ailleurs, je partage l'analyse de M. Baye quant à la responsabilité du commerce international et des modes de consommation occidentaux dans la déforestation. Le soja n'est pas la seule protéine végétale accessible au bétail ; par conséquent, les quantités décrites dans le rapport ne sont pas nécessaires, en particulier si nous mettons fin au développement du recours aux protéines carnées. En effet, le rapport entre protéine carnée et protéine végétale est si désastreux que des quantités considérables de ces dernières sont nécessaires pour produire les premières. La même logique s'applique à la production de cacao.

Le rapport affirme que 30 % de la déforestation sont dus au commerce et à nos modes de consommation. La solution réside précisément dans cette affirmation.

Certes, la France se reboise, d'une part car des terres sont abandonnées, d'autre part grâce à l'action de l'ONF. Malheureusement, ce reboisement n'est pas toujours bénéfique : ainsi, planter massivement des sapins n'est pas nécessairement une bonne idée, en particulier en plaine. Cette essence est choisie car elle présente le rendement financier le plus rapide, et parce que les machines existantes ne sont pas en mesure de traiter des troncs dont le diamètre est supérieur à 40 centimètres. Là encore, un déterminant économique s'impose à la gestion forestière. Par ailleurs, l'Office est géré à court terme, ce qui constitue un danger ; ses personnels sont en souffrance et le nombre de suicides, en augmentation, demeure très inquiétant.

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