Intervention de Adrien Quatennens

Réunion du mercredi 30 octobre 2019 à 17h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

Je commencerai évidemment par saluer l'excellent travail de ma collègue Caroline Fiat. Alors que le contexte est grave, cet exercice budgétaire montre une nouvelle fois son caractère inadapté, puisqu'il s'agit de passer à travers le fameux tunnel des 3 % de déficit des sujets aussi importants que ceux qui se rapportent à la santé.

Faire des économies dans ce domaine ne répond pas aux enjeux politiques. Un simple regard porté sur la situation de l'hôpital public, les déserts médicaux, le taux de renonciation aux soins, les carences en matière de prévention, ou encore l'affaiblissement de l'État face aux industriels, comme l'a révélé le scandale de la Dépakine, montre qu'il faut des moyens supplémentaires !

Madame la ministre, vous avez répété que l'enjeu principal ne résidait pas dans l'allocation de moyens supplémentaires, mais dans une meilleure organisation, une restructuration, un redéploiement. Pourtant, dans les domaines que je viens d'évoquer, démonstration est faite que ce qu'il manque, ce sont des moyens supplémentaires. Nous sommes certains que le pôle public du médicament, que nous appelons de nos voeux, serait tout à fait adapté aux enjeux du moment ; nous sommes certains qu'un modèle 100 % sécurité sociale, grâce auquel les assurés n'auraient pas à débourser un seul euro pour se faire soigner, est non seulement finançable, mais adapté aux enjeux.

Je redis ici l'impérieuse nécessité, pour la représentation nationale, de connaître dans cette période de discussion budgétaire vos intentions en matière de déploiement de moyens nouveaux pour l'hôpital. Face à la colère des hospitaliers qui ne faiblit pas, vous avez répété que vous gardiez des éléments sous le coude, et que vous les proposeriez peut-être en novembre. Nous y sommes, et si vous avez des déclarations à faire ce soir, notre commission vous écoutera avec attention !

Le travail salutaire mené par Caroline Fiat sur l'AME permet de désenfumer le sujet. L'AME honore la France ; elle ne représente pas cette charge considérable dénoncée par ceux qui demandent à la supprimer. Ceux-là feraient mieux de méditer sur les conséquences sanitaires d'une telle suppression : ne savent-ils pas que les microbes ne demandent pas leurs papiers à ceux qu'ils attaquent ? Non, la charge financière de l'AME n'est pas insurmontable pour un pays comme le nôtre : la France a un devoir d'humanité envers ceux qui se déplacent, qu'il s'agisse de les soigner ou de les accueillir.

J'observe qu'il existe un angle mort dans les débats sur l'immigration, qui devrait davantage retenir notre attention que le fameux appel d'air redouté de certains : il s'agit des raisons qui poussent les gens à quitter leur pays et à se déplacer, et à notre responsabilité. Car personne ne choisit de s'exiler sans souffrance, et personne ne compare les systèmes de soins avant de partir ! Cela sera encore plus vrai demain lorsque les conséquences du changement climatique pousseront des centaines de millions de personnes à se déplacer – croyez-moi, elles n'auront pas le temps de choisir leur destination, fût-elle dotée d'un dispositif tel que l'AME ! Notre part de responsabilité dans le changement climatique, dans les conflits, dans les accords commerciaux inégaux, et donc dans l'émigration, est un sujet bien plus important que celui de l'AME, et c'est un honneur pour moi que d'avoir pu l'évoquer au sein de cette commission.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.