Intervention de Agnès Buzyn

Séance en hémicycle du vendredi 27 octobre 2017 à 21h30
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 — Article 36

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

Monsieur Quatennens, mon objectif n'est pas de faire des économies ; il est de faire rentrer dans le droit commun des procédures qui sont réalisées en permanence par les professionnels de santé, mais hors cadre. Je crois qu'à un moment, il faut que la société et la législation s'adaptent à une réalité de terrain que nous n'avons pas vu arriver, tant cela a été rapide.

Mon objectif n'est pas non plus que la télémédecine soit le seul moyen de lutter contre les déserts médicaux ; c'en est un parmi d'autres, quand il manque un spécialiste, par exemple un dermatologue, dans une région. Si l'on peut gagner trois mois pour avoir un avis sur un grain de beauté, c'est toujours ça de gagné ! C'est une chance pour le patient que d'avoir accès à la télé-expertise.

Je suis convaincue que la télémédecine est outil formidable, mais aussi qu'il peut y avoir des risques. J'ai donc saisi la Haute Autorité de santé pour qu'elle fasse des recommandations sur cette pratique. Pour autant, je crois qu'il faut que la télémédecine rentre dans le droit commun et que ses tarifs soient négociés, dans le cadre conventionnel, par la CNAMTS.

Je voudrais aussi répondre à Mme Ménard au sujet du numerus clausus, parce que j'entends beaucoup de bêtises à ce propos – étant précisé, madame Ménard, que je ne vise pas là votre intervention, mais ce que l'on en dit en général. Si nous ouvrons le numerus clausus en 2018 – je ne dis pas que je suis contre : je pense que tout peut être envisagé – , les médecins qui auront été formés par suite de cette ouverture seront sur le marché, si je puis dire, ou plutôt en exercice sur notre territoire entre 2030 ou 2035. Or la densité médicale augmentera à partir de 2025 et atteindra un niveau supérieur à celui d'aujourd'hui, car on a commencé à ouvrir le numerus clausus en 2007. Si la densité médicale va continuer à baisser jusqu'en 2020 en raison des départs à la retraite, à partir de 2025, il est évident qu'elle augmentera.

Les questions que nous devons nous poser, collectivement, sont donc les suivantes : de combien de médecins aurons-nous besoin en 2030 ou 2035 ? À quoi ressemblera l'exercice de la médecine à cette époque ? De quels outils disposerons-nous ? Je pense qu'avant d'ouvrir le numerus clausus, il faut que nous ayons cette réflexion collective. Je veux bien que cela passe par une mission parlementaire, mais je souhaite aussi y réfléchir dans le cadre du ministère. Ce qui est certain, c'est qu'avant de prendre la moindre décision sur le numerus clausus, il est nécessaire de prendre un moment pour nous poser, afin de ne pas réitérer les erreurs du passé, c'est-à-dire être en retard de quinze ans sur la démographie médicale et les besoins.

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