Intervention de Hubert Wulfranc

Séance en hémicycle du lundi 9 décembre 2019 à 16h00
Lutte contre le gaspillage et économie circulaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHubert Wulfranc :

En rendant cette mention facultative, vous la videz donc de sa substance.

Vous me trouverez sans doute trop sévère, mais nous restons pour le moins dubitatifs quant à la portée concrète de ce texte, de même que nous vous trouvons très légers sur les mesures d'accompagnement social et financier en direction des salariés et des entreprises des secteurs qui vont devoir demain s'adapter aux changements de système technique. C'est un grief que nous vous avons maintes fois adressé. Il ne suffit pas en effet de dire que la transition écologique sera créatrice d'emplois dans l'avenir ou que le développement des filières de gestion des déchets ou de recyclage est un formidable gisement d'emplois : il faut nous interroger à la fois sur la qualité de ces emplois futurs et sur les moyens à mettre en oeuvre, ici et maintenant.

L'économie sociale et solidaire et les emplois d'insertion ne peuvent servir de caution pour dédouaner le capitalisme sauvage et vorace, pour reprendre vos propres mots. Au coeur de la politique industrielle, les efforts de recherche et d'investissement doivent être renforcés, en même temps que ceux de formation et de qualification des salariés. C'est la garantie première du savoir-faire et de l'expertise déterminant une production durable. Globalement, c'est la question de l'association des salariés aux choix productifs et commerciaux de l'entreprise qui est posée, qui permettrait de contrecarrer à la source la stratégie d'obsolescence programmée.

Dans toutes les filières, des salariés sont à l'initiative de propositions susceptibles de favoriser structurellement une production raisonnée. Ainsi dans la métallurgie et la construction automobile, pour développer des gammes de véhicules légers, plus accessibles aux consommateurs, plus économes en ressources et donc en déchets et en rejets polluants ; ou dans le papier carton, pour développer la production de papier et d'emballages recyclés. L'exemple de l'usine UPM Chapelle Darblay, fleuron industriel de production de papier recyclé de l'axe Seine, aujourd'hui menacée de fermeture, est typique de l'atonie industrielle de votre gouvernement. J'approuve les propos de notre collègue du MODEM Jimmy Pahun sur ce sujet.

Dans les industries des biens d'équipement et du textile, il conviendrait de préserver les entreprises françaises qui mettent sur le marché des produits robustes grâce à un savoir-faire de pointe – c'est Moulinex contre Prada et son sac en plastique recyclé à 1 300 euros : plus que le smic ! Dans l'industrie de la santé et du soin des corps, la recherche serait orientée vers la production de médicaments utiles emballés de manière saine, abandonnés par les groupes parce que pas assez rentables, et non vers celle de cosmétiques à fort rendement financier – c'est Sanofi, détenu par l'Oréal.

Dans l'agriculture et l'alimentation enfin, nous défendons la réglementation et l'encadrement des prix payés aux producteurs, qui permettraient de limiter les marges scandaleuses de la grande distribution, les accapareurs de notre temps, qui sont source de gâchis. Ce sont ces groupes que vous vous apprêtez à autoriser à travailler davantage le dimanche.

Tout cela relève d'autres choix politiques que ceux de votre gouvernement. Derrière tout cela, madame la secrétaire d'État, l'opposition fondamentale n'est pas celle entre producteurs et consommateurs, mais celle entre le capital et le travail. Vous prétendez vouloir domestiquer le capitalisme ? Nous verrons durant ce débat si les demoiselles d'Avignon ont autant d'audace que Pablo Picasso !

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