Intervention de Béatrice Descamps

Séance en hémicycle du jeudi 2 novembre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Sport jeunesse et vie associative

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBéatrice Descamps :

Monsieur le président, madame le ministre, monsieur le ministre, mesdames, messieurs les rapporteurs, chers collègues, en ce mois de novembre 2017, l'étude des budgets attribués à la mission « Sport, jeunesse et vie associative » a une résonance toute particulière. Il y a un mois était officialisé un très grand et très beau projet pour notre pays : l'accueil, en 2024, des Jeux olympiques et paralympiques. Dans ce contexte, l'examen des crédits alloués au sport ne saurait être anecdotique ou secondaire, car c'est bien aujourd'hui que nous préparons notre réussite future.

Le Paris olympique a placé au coeur de son projet l'adhésion et l'intégration de tous. Le sport est sans doute l'élan le plus fédérateur qui puisse unir une nation ; car il transmet des valeurs universelles, la joie de la victoire, le goût de l'effort ; il rassemble des gens différents sous une même bannière. C'est en cela qu'il est insupportable de constater qu'il subsiste, au sein de ce monde d'unité et d'émotions, de réelles discriminations.

Le sport est le reflet de la société, et à ce titre chacun doit y avoir accès : les personnes en situation de handicap, les personnes âgées, les personnes malades. Je veux saluer les initiatives relatives au sport-santé et au sport comme thérapie, ainsi que la valorisation des Jeux paralympiques. Il ne doit plus exister dans le sport de cas de discriminations raciales, sexuelles ou homophobes. Il ne doit plus y avoir de différences d'accès au sport entre un jeune citadin et un jeune qui vit en milieu rural. Il ne doit plus y avoir de catégorisation socio-économique au sein du sport et, j'insiste sur ce point, tout enfant devrait pouvoir pratiquer l'équitation ou l'escrime si c'est son rêve, comme rien ne devrait empêcher un jeune de pratiquer le football ou le futsal, et surtout pas le prétexte qu'il ne se sentirait pas à sa place. Par ailleurs, n'oublions pas de rendre les équipements et les transports accessibles aux personnes à mobilité réduite pour la pratique et la participation aux événements. Le sport est la place de tous, et il compte une place pour tous.

C'est le sens des JO et du travail qui sera mené en amont pendant sept ans pour les préparer. C'est pourquoi le groupe des Constructifs s'interroge sur la diminution de 7 % du budget du sport pour 2018. Madame la ministre, vous avez expliqué que cette diminution était à apprécier à la lumière de la redéfinition des compétences du CNDS par rapport à celles de l'État, et nous nous fions bien entendu à votre expertise. Nous resterons cependant très attentifs à l'évolution du financement du sport dans l'année puis dans les années à venir et maintenons la suggestion de notre rapporteur Pierre-Yves Bournazel de passer d'un modèle strictement étatique à un modèle fondé sur les partenariats. Il est très important de créer une politique en adéquation avec la réalité du terrain, afin d'aider les clubs sportifs qui donnent aux champions de demain les armes pour remporter des victoires, à chaque enfant de l'amusement et des amis et à chaque adulte une occasion de s'épanouir et de se garder en bonne santé.

J'en profite pour souligner une problématique qui est, à mon sens, absolument vitale : la question du dopage dans les sports amateurs, qui, parce qu'il est facilité par l'extrême accessibilité offerte par internet et qu'il est infiniment moins médiatisé que dans le monde du sport professionnel, connaît une recrudescence inquiétante. Il s'agit d'une problématique de santé publique pour laquelle j'ai l'espoir que nous puissions trouver ensemble des solutions efficaces et concrètes pour le bien de nos sportifs et futurs sportifs.

La hausse du budget global de la mission « Sport, jeunesse et vie associative » est particulièrement justifiée par l'augmentation de 58 millions d'euros du budget consacré au service civique. L'objectif, nous le savons, est de stabiliser le nombre de jeunes ayant participé au service civique à 150 000 par an, au lieu de 130 000 les années précédentes. Si le service civique a démontré maintes fois ses bienfaits et son inscription résolue dans des projets de vie, le fait qu'il engloutisse près de 80 % des crédits alloués aux associations, dans un contexte où ces dernières connaissent des difficultés, reste une dimension que nous avons du mal à comprendre.

La semaine dernière, en commission élargie, madame la ministre, vous avez rendu un hommage touchant aux millions de bénévoles grâce auxquels nos clubs sportifs et associations fonctionnent. Ces bénévoles, qui donnent de leur temps et de leur énergie, ne vont malheureusement plus pouvoir compter sur les contrats aidés et vont également pâtir de la disparition de la réserve parlementaire, qui constituait un coup de pouce ponctuel mais non négligeable pour des dizaines de milliers de clubs chaque année. Enfin, ils vont pâtir de la baisse des dotations de fonctionnement aux collectivités qui leur versent les subventions qui les font vivre.

Le sport et les associations ne peuvent pas être la variable d'ajustement d'un budget qui se place dans une logique de réduction des dépenses que nous comprenons et soutenons. Le sport et les associations font vivre notre pays chaque jour et, alors que la France s'apprête à devenir la capitale mondiale du sport, ils méritent des moyens renforcés.

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