Intervention de Alain David

Réunion du mercredi 15 janvier 2020 à 9h35
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain David :

Il me revient en guise de conclusion, mais aussi d'ouverture, d'aborder la question des relations culturelles entre nos deux pays. C'est elle qui cimente notre attirance mutuelle.

Ces relations culturelles s'appuient notamment sur des institutions de prestige, comme la Villa Médicis, l'École française de Rome ou encore le centre Jean Bérard à Naples, organisme de recherche archéologique travaillant sur la Grande Grèce et la Sicile. Les réseaux d'enseignement comprennent six établissements, auxquels s'ajoutent une trentaine d'alliances françaises. Le français est la seconde langue étudiée en Italie, après l'anglais. L'Institut français d'Italie, depuis le 1er janvier 2012, regroupe le service de coopération et d'action culturelle, ainsi que les centres et instituts culturels français de Florence, Milan, Naples et Palerme.

Le domaine culturel a, lui aussi, connu des hauts et des bas dans les relations bilatérales. La controverse sur l'organisation en France de l'exposition au Musée du Louvre pour le 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci a été emblématique à cet égard. La question du dessin le plus célèbre, celui de l'homme de Vitruve, se trouvait au coeur de cette controverse. La délégation a été interpellée à plusieurs reprises à ce sujet, en particulier par Vittorio Sgarbi, député de Sicile pour Forza Italia, membre du groupe d'amitié Italie-France et critique d'art. Saisi par une association de défense du patrimoine italien Italia Nostra, qui n'est pas sans lien avec la mouvance nationaliste, le tribunal administratif régional de Vénétie avait suspendu le 8 octobre l'autorisation de sortie du territoire de ce dessin. Matteo Salvini lui-même, alors ministre de l'intérieur, voulait aussi bloquer ce départ. La justice italienne a finalement autorisé le 16 octobre la sortie du territoire du dessin, conservé à la galerie de l'Académie de Venise et assuré pour une valeur d'un milliard d'euros. Le prêt de cette oeuvre s'inscrit dans un accord signé fin septembre à Paris entre le ministère italien de la culture et le Louvre. En application de cet accord, Rome a prêté cinq oeuvres de Léonard de Vinci au musée parisien ; en retour, des peintures et des dessins de Raphaël seront prêtés à l'Italie pour l'exposition qui lui sera consacrée au Musée du Quirinal à Rome, en mars 2020.

Une notation politique montre qu'on n'échappe pas à l'histoire : la candidate de la Ligue pour les prochaines élections du 26 janvier en Émilie-Romagne, Lucia Borgonzoni, était l'ancienne secrétaire d'État à la culture, grande contemptrice de la France à propos de l'héritage de Léonard de Vinci.

Pour conclure notre tour de table, je dirais que la partie italienne a réservé un accueil de haut niveau à notre délégation et offert un degré de transparence sans précédent sur la nature des échanges entre les sensibilités politiques des différents partis qui la composent, notamment la commission des affaires étrangères et le groupe d'amitié Italie-France.

Comme vous l'avez proposé, madame la présidente, lors de la préparation de cette mission, la réception à Paris d'une délégation italienne au début de l'année 2020 permettrait d'ancrer la relation entre nos deux commissions dans la durée, sachant que dans les deux ans qui viennent, deux grandes échéances attendent l'Italie : la co-organisation avec le Royaume-Uni de la COP 26 de Glasgow et la présidence du G 20 en 2021.

Le sentiment à l'égard de la France n'est pas partout excellent, mais la relation a repris tous azimuts, comme l'a dit précédemment Christophe Di Pompeo, et il faut la solidifier. Nous sommes optimistes, même si nous sommes conscients que nous ne pouvons pas, après quatorze mois de turbulences, reprendre la relation là où nous l'avons laissée.

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