Intervention de Christophe Di Pompeo

Réunion du mercredi 15 janvier 2020 à 9h35
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Di Pompeo :

Pour répondre à Annie Chapelier, la politique migratoire aujourd'hui en Europe est quelque peu définie par les accords de Dublin, mais aujourd'hui, les accords de Malte, signés par quatre pays, proposent une répartition automatique. Nous comptons beaucoup sur ce nouvel accord pour désengorger l'Italie, mais vous l'avez dit vous-même, l'Italie n'est plus une terre d'immigration comme nous l'avons connue. Nous étions à 80 000 migrants il y a quelques années. Malheureusement, la politique migratoire de Matteo Salvini a porté ses fruits, puisque nous sommes descendus aujourd'hui à 11 000 migrants par an, parce qu'aujourd'hui, les migrants ont peur de passer par l'Italie et contournent par l'Espagne.

Michel Herbillon nous a interrogés sur le mouvement des Sardines. C'est un mouvement spontané qui est né à Bologne, un peu comme Cinque Stelle qui était né aussi d'un mouvement populaire et spontané et qui avait été orchestré par le comique Beppe Grillo. Le mouvement des Sardines est un mouvement antifasciste. Tout l'enjeu aujourd'hui est d'essayer de contrer la montée de la Ligue en Émilie-Romagne, puisque c'est le poumon économique de l'Italie. Les élections régionales auront lieu à la fin du mois. Si la Ligue arrivait fortement en tête dans cette région, ce serait vraiment un séisme pour l'Italie.

Il est vrai que le président Macron a parlé de « lèpre populiste », mais il évoquait un système politique et non les Italiens. D'autres interventions ont été beaucoup plus mal perçues. Quand un collègue de notre majorité, qui n'est plus député aujourd'hui, a dit que les Italiens étaient « à vomir » au moment de Lampedusa, ces propos ont été repris dans tous les journaux. Je pense également à d'autres interventions comme celle de notre commissaire Moscovici qui, alors que nous étions en pleine crise migratoire, donnait des leçons budgétaires à nos collègues italiens.

La presse en a tiré parti. Quand des populistes sont au pouvoir, la faute vient toujours de l'étranger. Pendant tout le temps où Matteo Salvini était ministre de l'intérieur, le fonds de commerce de la Ligue était de dire que c'était l'étranger qui leur posait problème.

Quant au dossier du Lyon-Turin, il avance. Aujourd'hui, la ministre en charge du dossier en Italie est favorable à ce dossier. En juin, je suis allé visiter le Lyon-Turin, il existe : des kilomètres et des kilomètres ont déjà été creusés. Nous en parlons comme si c'était un projet, mais ce n'est pas le cas, c'est une réalisation. Cela fait vingt ans certes, mais j'ai visité dix kilomètres de la galerie principale, cela avance. Il reste cinquante kilomètres à faire.

Pour ce qui est du traité du Quirinal, il avait été lancé avant les élections législatives en Italie. Il a été arrêté lors de la première coalition puis remis en route avec la nouvelle. Les groupes de travail qui avaient été constitués dans chacun des pays ont repris leurs activités. En France, c'est le recteur de Paris, Gilles Pécout, qui tient la plume.

Pour répondre à la question sur la durabilité de la coalition, je pense que personne n'a intérêt en Italie, dans la coalition, à ce qu'elle s'arrête. Cinque Stelle, qui était à plus de 30 %, n'est plus aujourd'hui qu'à 16 ou 17 %. Si des élections législatives avaient lieu demain, le gouvernement et les députés des deux chambres seraient complètement balayés. L'accord programmatique qui sera conclu en février et pour trois ans suscite une forte attente. À mon avis, la coalition sera relativement durable, sachant que l'élection du président de la République par les deux chambres constitue un enjeu en tant que tel.

Dans la coalition actuelle, personne n'a envie de voir un président de la République qui serait issu des rangs de la Ligue.

Sur la question liée à la mafia, nous n'en avons pas parlé, mais elle existe toujours en Italie. Quand j'étais allé visiter le Lyon-Turin, j'avais rencontré le directeur et le président de la société qui creuse aujourd'hui. Au sein de l'organisation, une cellule antimafia avait été installée pour attribuer les marchés. La mafia est une réalité en Italie.

J'étais en Italie avec François de Rugy pour rencontrer Roberto Fico. C'était à mon avis une bonne chose parce qu'il ne faut absolument pas rompre les relations avec l'Italie. Aujourd'hui, l'idée de relancer un parlement franco-italien comme nous le faisons avec l'Allemagne est aussi une très bonne idée.

Les Italiens ne sont pas d'extrême droite culturellement, c'est la proportionnelle qui donne sa coloration au gouvernement et au paysage politique. Si nous avions en France la même Constitution et le même régime qu'en Italie, nous pouvons nous demander quelle serait la coalition au gouvernement.

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