Intervention de Michel Castellani

Séance en hémicycle du jeudi 13 février 2020 à 9h00
Gel des matchs de football le 5 mai — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Castellani, rapporteur de la commission des affaires culturelles et de l'éducation :

L'on sait bien que le sport professionnel est une activité économique et que les intérêts en jeu sont de plus en plus considérables, mais cette réalité est-elle opposable aux vertus profondes du sport ? Le sport, s'il propose une dimension économique, n'est-il pas aussi une formidable aventure humaine ? N'est-il pas facteur de cohésion, d'équipée individuelle et collective ? La coexistence est-elle tellement difficile qu'aucune concession ne soit envisageable ? C'est aussi à ce genre de question que nous avons à répondre aujourd'hui.

Petit à petit, de drame à l'écho national qu'elle était et demeure, la catastrophe de Furiani s'est transformée en une simple particularité de l'actualité régionale, en douloureux fait divers local – ni plus ni moins.

Cette impression ne reflète pas la vérité ; elle n'est en tout cas pas la nôtre. Ce drame est la plus grande catastrophe que le sport français ait jamais connue. La rencontre était une demi-finale de la Coupe de France. Elle devait être diffusée sur les antennes nationales, et la présence de nombreux journalistes dans la tribune touchée le prouve. Les meurtrissures des victimes marseillaises et continentales existent, elles aussi. Non, ce drame ne se résume pas à la Corse. Cette question, l'Assemblée de Corse l'a tranchée par des votes unanimes. Notre commission l'a également tranchée, et je veux remercier ici tous ceux qui en ont enrichi les débats.

Quoi qu'il en soit, pour les victimes, la douleur physique est présente depuis vingt-sept ans. Elle ne disparaîtra jamais. Il est une autre douleur, indicible, impalpable, inaudible : la douleur morale, celle des âmes et de l'esprit, celle des souvenirs, celle de l'absence jamais comblée.

Alors, par respect pour les disparus et pour ceux dont les vies ont basculé en cette soirée d'insouciance, notre demande, leur demande, est simple : qu'aucun match de football professionnel ne soit plus organisé le 5 mai ! Pour que les erreurs du passé ne se reproduisent plus jamais, pour que les victimes et leurs familles soient enfin honorées, mais aussi en hommage aux valeurs du vivre ensemble, aux valeurs profondes du sport, je vous invite à voter en faveur de cette proposition de loi.

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