Intervention de Bastien Lachaud

Séance en hémicycle du jeudi 13 février 2020 à 15h00
Protection patrimoniale et promotion des langues régionales — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBastien Lachaud :

Par ailleurs, de nombreuses régions favorisent le développement des cultures et des langues régionales. Rien dans le cadre légal actuel ni dans l'usage n'est de nature à brider leur pratique et leur transmission. Dès lors, de quoi faut-il les protéger, comme ce texte nous invite à le faire ? Pas de la loi ni de l'État français, qui ne les menacent en rien ! Serait-ce de l'évolution et du vieillissement de leurs divers locuteurs ? Peut-être. Cependant, il serait pour le moins présomptueux de penser pouvoir influencer le passage du temps sur nous. En tout cas, il faut en chercher le moyen ailleurs que dans la loi.

Aussi me semble-t-il que la menace sur les langues et cultures régionales est chimérique, et qu'il n'y a donc nul lieu de les protéger plus qu'elles ne le sont aujourd'hui. L'objectif de ce texte n'est pas la protection, mais la promotion – sans doute excessive – de certaines langues par rapport à d'autres. S'il est bon que les enfants puissent apprendre à l'école une langue régionale, ce ne serait pas une bonne chose que, pour ce faire, ils ne puissent pas avoir accès à d'autres langues, étrangères celles-là. Cela pourrait se produire si les langues régionales étaient subventionnées et si leur enseignement était proposé obligatoirement dans le cadre de conventions entre l'État et les régions concernées.

Il est très intéressant de pouvoir apprendre le breton, l'occitan, le corse, le tahitien ou le basque, mais il est aussi très intéressant de pouvoir apprendre d'autres langues vivantes : l'arabe, qui est la langue minoritaire la plus parlée en Île-de-France, le russe, le portugais, le chinois, le japonais, le hongrois, au même titre que l'anglais, l'espagnol, l'italien ou l'allemand, qui sont déjà relativement répandues dans l'enseignement en France.

Dans de nombreux départements, ce qui manque n'est pas l'enseignement des langues régionales, que personne ne réclame vraiment, mais un enseignement du français, notamment pour les 60 000 élèves allophones.

Nous ne pouvons qu'être favorables aux politiques de conservation du patrimoine linguistique, mais elles souffrent, comme dans tant d'autres domaines, des politiques d'austérité budgétaire qui « font vache maigre » de toutes les politiques culturelles et patrimoniales. Toutefois, nous ne sommes pas favorables aux politiques qui cherchent à induire une rupture d'égalité d'une langue par rapport à une autre. Nous ne sommes pas favorables aux subventions publiques aux écoles privées hors contrat.

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