Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Séance en hémicycle du vendredi 21 février 2020 à 15h00
Système universel de retraite — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

Rassurez-vous, monsieur le président, l'incident de tout à l'heure est clos. Je m'exprimerai sur l'amendement.

Mme Ménard a fait preuve d'une grande lucidité en le déposant. En vérité, la réforme est conçue pour que le système bascule progressivement vers la capitalisation, en commençant par les très hauts revenus. Ne serait-ce qu'avec l'inflation, il sera tellement simple de laisser baisser le niveau des pensions ! Et puis, un jour, on nous annoncera une nouvelle tranche, au-dessus de 5 000 euros – les très riches ayant une bonne espérance de vie, comme le disait hier le secrétaire d'État. Si j'ai bien compris son raisonnement par l'absurde, lorsque l'espérance de vie est bonne, il faudrait supprimer les cotisations et passer à la capitalisation !

Bien sûr, le système reste en grande partie fondé sur la répartition. Mais il est très clair qu'il amorce un basculement vers la capitalisation, et le brouillard dans lequel nous sommes vise à susciter chez nos concitoyens une anxiété qui les rendra sensibles aux publicités des assureurs. La preuve en est la part de la dépense publique destinée à financer nos retraites. À partir du moment où l'on passe de 14 % à 12,9 % du PIB, et où le rapport du nombre d'actifs au nombre de retraités va se dégrader, nul besoin d'avoir fait Polytechnique pour comprendre qu'il y aura moins d'argent pour les retraités du régime général. D'une manière ou d'une autre, la nation assurera donc ses vieux jours, si je puis dire, en passant par d'autres canaux.

Les mutuelles ont progressivement supplanté le régime général de la sécurité sociale, créant un système coûteux et inégalitaire. Vous entamez exactement la même évolution pour le système des retraites. Même s'il était imparfait et méritait d'être corrigé, ce système qui ne laissait pas de place aux fonds de pension, garantissant ainsi un minimum d'égalité, était l'honneur de la France. Vous le cassez, alors que demain, la nation sera bien évidemment obligée d'employer 14 % de son PIB, si ce n'est davantage, à financer des retraites dignes. Simplement, les Français devront le faire dans le désordre et l'inégalité au lieu de le faire selon un système rationnel. C'est dommage d'en arriver là ; voilà pourquoi il faudra annuler cette réforme.

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