Intervention de Bruno Cabrillac

Réunion du mercredi 12 février 2020 à 11h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Bruno Cabrillac, directeur général adjoint de la Banque de France :

Les accords de coopération monétaire ont été créés pour soutenir le choix fait par ces pays et ces unions monétaires d'avoir un régime de change fixe. Le bilan est globalement positif, puisque ce régime de change fixe a pu être maintenu avec une seule dévaluation en soixante ans. C'est une réussite.

La deuxième réussite est la stabilité monétaire. La conjonction des unions monétaires et du régime de change fixe protège la monnaie de toutes les crises sociopolitiques qu'ont connues malheureusement ces pays, comme ceux du reste de l'Afrique subsaharienne. Même lors des crises politiques les plus graves, les gens ont bénéficié d'une monnaie locale leur permettant d'acheter. C'est un aspect relativement important. Lorsque nous observons par exemple la République démocratique du Congo ou le Zimbabwe, leurs économies post-conflits subissent une hyper inflation dollarisée. Et l'accès à une monnaie, comme le dollar ou l'euro, est beaucoup plus compliqué pour les pauvres que l'accès à leur monnaie nationale. C'est un élément important à inclure dans le bilan de la zone franc.

Concernant les mécanismes de garantie, l'objectif de la politique monétaire d'un régime de change fixe est le maintien de ce taux de change. Parmi les dispositions légales de ces pays, notamment dans les statuts de la BCEAO, certaines obligent la politique monétaire à s'adapter lorsque le niveau des réserves de change devient inquiétant. Un seuil existe lorsque les réserves de change couvrent moins de 20 % du passif de l'émission monétaire de la banque centrale. Dans ce cas, au regard de leurs textes, ces pays doivent prendre des mesures appropriées. C'est aussi un élément de confort pour les accords de convention monétaire avec la France.

Il n'existe qu'un seul pays dans le monde où le régime de change fixe repose sur un panier de devises, parce que c'est une situation compliquée à gérer. Cela présente quelques avantages et de la flexibilité supplémentaire, mais sans que cela soit à la hauteur des inconvénients liés aux difficultés de gestion.

Concernant les commandes de billets en eco, nous n'en avons pas encore reçu. Plusieurs déclarations de responsables politiques, dont celle du président du Comité ministériel de l'UEMOA, ont bien indiqué qu'entre le moment où est décidé le changement de monnaie et le moment où apparaîtront les nouveaux billets, il y aura des délais importants et incompressibles. Ce n'est donc pas inquiétant.

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