Intervention de Raphaël Schellenberger

Séance en hémicycle du samedi 21 mars 2020 à 9h30
Urgence face à l'épidémie de covid-19 — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRaphaël Schellenberger :

… qui a dépassé la capacité du système de santé et a disséminé le virus dans toute la France.

Je pense aux personnels, soignant et non soignant, des hôpitaux de Mulhouse, de Colmar et de Strasbourg, qui vivent actuellement l'aspect le plus difficile de leur métier. Ils font face à la situation, car ils ont la vocation et ils se sont engagés pour sauver des vies, mais ils le font dans des conditions difficiles, voire inhumaines, que nous ne souhaitons à aucun soignant.

Ce qu'ils voient aujourd'hui, malheureusement, d'autres le verront demain ; d'autres hôpitaux connaîtront les mêmes difficultés, et je mesure combien notre responsabilité d'endiguer l'épidémie est forte, lourde.

Dans cette période, il ne s'agit pas de mobiliser par des effets de tribune dans cet hémicycle ou par d'autres effets politiciens, mais de construire une stratégie à partir de la dignité, du respect, de l'engagement et de l'exigence. Vous trouverez, monsieur le Premier ministre, notre groupe à vos côtés pour vous donner les moyens de lutter contre cette épidémie, parce que les Français méritent notre mobilisation et que nous fassions preuve de mesure.

Qui aurait cru que notre assemblée devrait faire face en 2020 à une telle menace ? Voilà qu'une nation éclairée, moderne et scientifique doit faire face à une menace invisible et sournoise, et pourtant ravageuse. Mais c'est dans ces moments-là que se révèlent les grandes nations, et les exemples sont nombreux, dans nos territoires, de ces gestes du quotidien comme de ces gestes d'urgence, de cette mobilisation qui démontrent à quel point la nation française est grande : je pense évidemment à l'ensemble des personnels soignants – je le dis devant M. le ministre de la santé, ici présent – mais aussi aux personnels indispensables au fonctionnement de la nation, entre autres à nos forces de police, mais aussi à celles et ceux qui assurent le quotidien des Français, qu'il s'agisse des caissières dans les supermarchés ou des routiers qui assurent le transport entre les points de production et les points de distribution. Je pense aussi aux entreprises, qui doivent pour un grand nombre d'entre elles continuer à fonctionner car, même si leur activité de production peut sembler secondaire, elle est déterminante dans certaines chaînes, sachant qu'il faut absolument préserver la filière de production pharmaceutique et la filière agroalimentaire. Car toute guerre se gagne grâce à la logistique, toute guerre se gagne grâce aux lignes arrière et grâce à la capacité d'une nation à mobiliser son outil de production et sa population pour alimenter le front.

Monsieur le Premier ministre, ce n'est pas le temps de la polémique, mais le temps de l'urgence. Et pour éviter tout esprit polémique, nous partirons durant tout l'examen de ces textes sur l'hypothèse que ceux-ci sont fondés sur l'idée que notre pays sortira de la crise dans quelques semaines. Il n'est donc pas l'heure aujourd'hui d'ouvrir d'autres discussions qui viseraient à développer d'autres hypothèses : l'heure est à la construction d'une stratégie pour sortir de la crise dans quelques semaines, et c'est bien pour en discuter dans l'urgence que vous nous trouverez à vos côtés.

Enfin, je souligne que nous sommes tous ici dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, l'un des lieux les plus symboliques de la démocratie française et même de la démocratie tout court, et nous y sommes entourés des symboles de l'ordre et de la liberté. Nous devons également leur faire honneur, leur rendre hommage, et savoir ainsi toujours préserver dans nos discussions ce qui tient si cher aux Français : leur liberté. Car il s'agit bien de la leur conserver dans cette période difficile, sachant que c'est de cette liberté que sortira leur mobilisation. C'est ainsi que nous arriverons collectivement à les mobiliser pour, tous ensemble, vaincre ce virus, vaincre cette menace.

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