Intervention de Bertrand Pancher

Séance en hémicycle du mardi 28 avril 2020 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la stratégie nationale du plan de déconfinement dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de covid-19 suivie d'un débat et d'un vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBertrand Pancher :

Notre devoir est de n'oublier personne et de prendre en compte la situation de chacun, à commencer par les plus fragiles, pour lesquels la crise sanitaire, sociale et économique a des effets dramatiques. Les Français sont déboussolés et la cacophonie au plus haut niveau de l'État n'a fait que renforcer l'angoisse et l'anxiété. Trop de brouillons leur ont été présentés ! La pénurie de masques, de respirateurs et de tests, et les annonces contradictoires ont démontré l'absence totale d'anticipation de l'État, qui, aux plans stratégique et logistique, réagit toujours avec un train de retard – le groupe Libertés et territoires, par la voix de François-Michel Lambert, vous a d'ailleurs souvent alerté à ce sujet.

Nombreux sont ceux qui font référence au livre de Marc Bloch, L'Étrange Défaite, et plus personne n'ignore les dysfonctionnements désastreux de l'État central. La bureaucratisation extrême qui gangrène notre pays n'est pas nouvelle, il est temps d'y remédier : il faut engager un nouvel acte de décentralisation et libérer les territoires. Comment voulez-vous que tout fonctionne bien alors que c'est le même qui décide de tout ? Les annonces du Président de la République s'agissant de la date du déconfinement en ont été l'illustration la plus cinglante : un Président qui décide seul de la date du 11 mai, des ministres au garde-à-vous qui exécutent, puis tiennent des propos embarrassés pour revenir en arrière, avant d'être démentis par le chef. Et je ne parle pas du conseil scientifique… Comment, dans une telle pagaille, voulez-vous entraîner l'ensemble de nos concitoyens ?

Pourquoi ne pas avoir voulu partager la prise de décisions lorsqu'elle était difficile ? Et pourquoi dessaisir les contre-pouvoirs ? Le pouvoir législatif a été dessaisi par le recours aux ordonnances, le pouvoir juridique a été déporté par le biais du Conseil constitutionnel, le pouvoir médiatique a été éloigné de toute question lors des déclarations du Président de la République. Les collectivités territoriales se débrouillent seules ou, pire, sont parfois entravées par l'État. Quant à elles, les organisations professionnelles et la société civile grondent. La décision de fermer, puis de rouvrir les écoles, aurait pu être prise en lien étroit avec les parents d'élèves, les collectivités locales et les enseignants, mais vous ne l'avez pas fait.

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