Intervention de Edouard Philippe

Réunion du mercredi 1er avril 2020 à 18h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Edouard Philippe, Premier ministre :

Madame la présidente Pompili, la crise a en effet un impact différent selon les territoires, en raison de leurs différences, mais également parce qu'elle ne présente pas la même acuité sur chacun d'entre eux.

La région Grand-Est, et singulièrement les deux départements alsaciens, a été la première frappée de plein fouet, ainsi que, dans de moindres proportions, la Corse. Aujourd'hui, la mobilisation, et parfois la saturation, des établissements hospitaliers, est très différente selon les régions : très forte dans le Grand-Est et en Île-de-France où, nous l'espérons, l'épidémie atteint en ce moment un pic, moins dans d'autres.

Les mesures nationales que nous avons prises s'appliquent donc sur des territoires placés dans des situations différentes. Il est probable que les mesures de confinement mises en oeuvre à partir de la mi-mars auront de ce point de vue un impact différent en fonction de la circulation du virus.

Il faut évidemment adapter les décisions à la réalité des territoires mais, et c'est un problème permanent, nos concitoyens demandent à la fois cette adaptation et une égalité de traitement. La République est décentralisée et aspire à l'égalité. Le sujet se pose avec plus d'acuité encore en période de crise.

La gestion opérationnelle de la crise relève à la fois des directeurs généraux des agences régionales de santé et des préfets. Il leur appartient de se coordonner pour mettre en oeuvre les décisions les plus fines et les plus adaptées sur les territoires.

J'en veux pour preuve la décision prise concernant les marchés alimentaires, couverts ou non. Ils ont été fermés par principe pour des raisons sanitaires, mais les préfets peuvent, sur demande et après avis des maires concernés, et sous réserve du respect des meilleures conditions de sécurité sanitaire, les autoriser localement pour assurer l'approvisionnement alimentaire. Il est sain que l'appréciation de la situation soit locale et plus précisément infra-départementale, même si une mesure susceptible d'être appliquée de manière aussi différenciée selon les départements pose un certain nombre de problèmes.

Sur la continuité des services publics, nombre de parlementaires, tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat, ont notamment évoqué, comme je l'ai fait, celle des services postaux, sujet complexe et problématique dans bien des territoires. J'aurai demain une réunion avec le président de La Poste. Je suis évidemment soucieux de la santé et de la sécurité sanitaire de ses personnels mais elle doit remplir partout ses missions et ses obligations. J'y veillerai.

Je vous rejoins sur la nécessité de poursuivre les activités de contrôle qui tiennent tant à la sécurité des installations industrielles qu'au respect des procédures. La loi que vous avez votée comporte à cet égard certaines dispositions notamment dans le cadre des ordonnances: des délais sont ainsi prorogés afin notamment d'éviter de porter atteinte à certains droits ou que le confinement rende difficile l'application de la loi.

Les consignes transmises aux responsables du contrôle de la sécurité tant industrielle qu'alimentaire visent évidemment à les préserver et à les garantir. Personne ne comprendrait que la priorité accordée à la santé des Français s'accompagne d'une moindre attention portée à la sécurité industrielle ou alimentaire.

Madame la présidente Françoise Dumas, oui, les armées interviennent au service de la Nation dans le cadre de l'opération Résilience, en soutien aux opérations sanitaires, tant sur le plan logistique que sur celui de la protection, dans le respect de la répartition des compétences mais en vue de soulager les forces de sécurité intérieure.

L'objectif est que cette opération ne remette pas en cause leur capacité à exercer correctement leurs missions. Les porte-hélicoptères Mistral et Dixmude seront envoyés l'un à La Réunion, l'autre aux Antilles, afin d'accompagner l'offre sanitaire dans les outre-mer, qui s'accroît.

J'insiste sur la préparation de la relève des militaires sur les théâtres d'opérations extérieures, qui ne doit évidemment pas être impactée par l'épidémie, de façon que les missions opérationnelles qui leur sont confiées soient réalisées dans de bonnes conditions. Ces questions ont d'ailleurs été évoquées dans le cadre du conseil de défense et de sécurité nationale présidée par le Président de la République. Nous veillons à la bonne poursuite des opérations militaires, y compris sur les théâtres d'opérations extérieures.

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